Critique – Le monarque des ombres – Javier Cercas – Actes Sud

Critique – Le monarque des ombres – Javier Cercas – Actes Sud


Dix-sept ans après « Les Soldats de Salamine » qui campait un combattant espagnol républicain, Javier Cercas continue à sonder la mémoire de son pays en s’emparant d’une figure familiale, celle de son grand-oncle maternel Manuel Mena qui combattit avec les Phalangistes nationalistes pour s’opposer à la République.

Il meurt en 1938 alors qu’il n’a que dix-neuf ans et devient un symbole lorsque sa dépouille arrive à Ibahernando, son village natal « plus éloigné du XXe siècle que du Moyen Age ». Mais la vérité sur son engagement est plus nuancée. Et c’est en effectuant un travail de fourmi que Javier Cercas va lever le voile sur cette destinée fulgurante.

L’auteur a toujours entendu parler de ce personnage par la voix de sa mère. Honteux que sa famille ait versé dans le mauvais camp, l’auteur a enterré le passé. Mais ce dernier nous rattrape toujours…

En écrivant sur la courte existence de son ancêtre (la « petite » histoire), il étreint avec talent les pages les plus sombres du récit national tout en s’interrogeant sur ce qu’est un héros. Que vaut-il mieux, vivre intensément comme le fit Achille et connaître le kalos thanatos, la « belle mort », ou durer en menant une existence plutôt médiocre comme Ulysse ?

Autre thème abordé par le Catalan dans la lignée de la réflexion sur le sacrifice : la guerre qui peut être sublimée à la manière de Velasquez (cf. « La réddition de Breda ») ou catastrophique (cf. Goya).

Petit bémol : la description des combats qui n’apporte pas grand chose à ce texte stimulant pour l’intelligence du lecteur parce qu’il n’impose pas de certitudes.

EXTRAITS

  • J’écris pour ne pas être écrit.
  • D’ailleurs, peut-on être un jeune homme noble et pur et en même temps lutter pour une mauvaise cause ?

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