Critique – L’infini dans un roseau – Irene Vallejo – Les Belles Lettres

Critique – L’infini dans un roseau – Irene Vallejo – Les Belles Lettres


Les mots de cette modeste chronique ne seront sûrement pas assez puissants pour exprimer mon ressenti à la lecture de « L’infini dans un roseau » (quel joli titre !) sur le thème a priori peu affriolant de l’histoire du livre sous l’Antiquité gréco-romaine.

Avec un immense talent de conteuse, l’Espagnole Irene Vallejo nous entraîne dans un périple haletant de la bibliothèque d’Alexandrie à la vocation universaliste à la chute de l’Empire romain en passant par Pergame ou encore le couvent San Marco où naquit « la première bibliothèque moderne ».

L’autrice n’hésite pas à faire des incursions dans des époques plus récentes. Pour mieux souligner, malgré toutes les vicissitudes (censure, oubli, destructions volontaires ou non, autodafés…), la pérennité du livre, et ce, quelles que soient ses supports, à part le très fragile papyrus. Le livre et les endroits qui l’abritent – bibliothèques publiques et privées, librairies… – furent une invention si formidable que, aujourd’hui encore, ils sont à l’origine de multiples innovations technologiques. Irene Vallejo cite l’exemple d’Internet : « le réseau électronique […] est une réplique du fonctionnement des bibliothèques », l’URL étant « l’équivalent […] de la cote d’une bibliothèque. »

Elle ose même, attitude peu commune pour une scientifique fût-elle spécialisée en philologie, nous plonger dans un récit plus intime. Elle se souvient ainsi de son enfance et de sa mère lui racontant des histoires : « ce temps de lecture me semblait un petit paradis provisoire ». Elle se rappelle sa professeur de grec avec laquelle elle découvrit « l’incroyable joie de l’apprentissage »…

Un grand merci à Babelio et à la maison d’édition Les Belles Lettres de m’avoir offert ce livre, puissant hommage au pouvoir des mots figés pour toujours dans l’éternité, qui se lit comme un roman d’aventure et n’est pas dénué d’un humour réjouissant !

EXTRAITS

  • Toute bibliothèque est un voyage…
  • Un catalogue n’est pas juste un appendice de la bibliothèque ; c’est son concept, son liant et son apogée.
  • Dans une société qui n’eut jamais de livres sacrés, l‘Iliade et L’Odyssée étaient ce qui ressemble le plus à la Bible.
  • Avec la colère d’Achille s’ouvre la route qui nous emmène sur les terres d’Euripide, de Shakespeare, Conrad, Faulkner, Garcia Lorca, Rulfo.
  • Nous comprendrons notre identité seulement si nous la confrontons à d’autres.
  • C’est pourquoi l’Europe est née quand elle a accueilli les lettres, les livres, la mémoire. Son existence même est redevable au savoir volé en Orient. Rappelons qu’il y eut un temps où, officiellement, les barbares, c’étaient nous.
  • En une nuit, Cléopâtre vint, vit et séduisit.
  • La grande Bibliothèque me fascine […], car elle inventa une patrie de papier pour les apatrides de tous les temps.
  • Le roman est, au fond, un éloge des ces territoires où on conjure l’oubli.
  • J’écris pour que les contes ne s’arrêtent pas.
  • On doit aux livres la survie des plus belles idées fabriquées par l’espèce humaine.
  • Le livre est un message.
  • Nous sommes les seuls animaux à raconter des histoires.

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