Critique – Crans-Montana – Monica Sabolo
« Dans la vallée, on avait surnommé Crans-Montana « la station de toutes les putains » » peut on lire à la page 141. N’est-ce pas le lot de toutes les femmes d’être considérées comme des catins ?
Tel semble être le postulat de ce roman envoûtant écrit par l’ancienne rédactrice en chef de Grazia, expliquant peut-être l’avalanche de mauvaises critiques qu’elle a essuyées…
Nous sommes dans les années 60. Le très chic petit village suisse est envahi par des ados accompagnés de leurs parents fortunés. Une bande de garçons issue de cette jeunesse dorée s’amourache des trois « C ». Claudia, Chris et Charlie représentent, pour ces jeunes puceaux, l’idéal féminin. Les échanges se limitent à des regards, de petits signes de tête. Rien de plus. Elles traversent leurs vies comme des spectres, dégageant une impression de mystère.
Mais leur apparente superficialité cache une profonde détresse, conséquence d’une grande solitude et d’un manque d’amour. L’argent ne fait décidément pas le bonheur…
Dans une écriture métaphorique, poétique, hypnotique, Monica Sabolo dresse le portrait d’une jeunesse désœuvrée, sans avenir et sans espoir. « Crans-Montana » m’a fait fait penser au « Virgin Suicides », ce magnifique roman merveilleusement adapté par Sofio Coppola.
EXTRAIT
– « On l’avait retrouvée, allongée sur le trottoir, ses mollets repliés, en angle droit, un filet de sang coulant de son oreille comme un rêve cherchant à s’extraire de sa mémoire. »
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