Critique – Ton absence n’est que ténèbres – Jon Kalman Stefansson – Grasset

Critique – Ton absence n’est que ténèbres – Jon Kalman Stefansson – Grasset


« Je n’ai aucun souvenir de ma personne, je ne sais pas qui je suis, ni comment je suis arrivé ici » constate le narrateur, assis dans une église glaciale de laquelle on entend à peine « les bêlements des moutons et les cris lointains des sternes ».

Dans le cimetière mitoyen, une femme le reconnaît. Les autres habitants de ce bout de terre à l’ouest de l’Islande aussi. Tous l’identifient comme un écrivain.

Que sait faire un écrivain ? Écrire. Et c’est ce qu’il va faire en nous racontant les histoires des vivants qui, inlassablement, font revivre les morts. Parce que les souffrances et les bonheurs ressentis par nos ancêtres se transmettent de génération en génération.

Campé dans une nature immuable à la fois belle et hostile, « Ton absence n’est que ténèbres » sonde les cœurs des femmes et des hommes au cours d’un voyage temporel, métaphysique, philosophique en compagnie de Kierkegaard, mystique, surnaturel, poétique et musical avec une playlist nommée « la Camarde , sorte de pacte avec la mort. C’est encore une superbe fresque aux allures de saga que nous offre Jon Kalman Stefansson.

Une lecture exigeante et pénétrante sur le monde des humains comme il va avec ses erreurs, ses fuites, ses choix plus ou moins malencontreux, ses contradictions, ses incompréhensions, ses non-dits, ses mensonges et ses trahisons dont l’amour, la seule chose qui mérite d’être vécue, selon l’auteur, sort vainqueur. Avec la littérature !

EXTRAITS

  • L’existence est toujours plus compliquée quand on essaie de comprendre.
  • Certains chevaux sont peinés de voir les hommes pleurer, mais ils n’ont pas de bras pour les réconforter et c’est pour cette raison que leurs grands yeux, parfois, s’emplissent de tristesse.
  • L’homme a inventé le diable pour endosser ses péchés.
  • Parfois, les questions sont la vie et la réponse la mort.
  • Écrivez. Parce que la mort n’est qu’un simple synonyme de l’oubli.
  • Nous cherchons par tous les moyens à triompher de la mort, à retrouver une amitié perdue ou des heures englouties dans les profondeurs d’un passé qu’on ne saurait ressusciter – et parfois, nous y parvenons, envers et contre les lois universelles.
  • Et la mélancolie est notre souvenir des bonheurs disparus.
  • L’être humain vit dans l’incertitude et c’est de là que viennent les histoires.
  • La douleur d’avoir perdu ce qui jamais n’a été, ce qui jamais n’est advenu, est le plus lourd des fardeaux.

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