
Critique – L’Âge fragile – Donatella Di Pietrantonio – Albin Michel
En pleine crise sanitaire de Covid, Amanda, partie à Milan pour ses études, est de retour chez sa mère qui vit dans un village des Abruzzes, non loin de la ferme où habite encore son grand-père.
Sous la plume de Donatella Di Pietrantonio, ce sont trois générations qui vont évoluer, s’affronter, s’aimer.
Lucia, qui vit seule depuis le départ de son mari, est déroutée par la présence presque fantomatique de sa fille si maigre cloîtrée dans sa chambre.
Alors, entre son travail de kinésithérapeute et ses tentatives de rapprochement avec Amanda qu’elle n’a jamais comprise, elle rend visite au patriarche qui évoque les terres dont elle va hériter lorsqu’il aura disparu, y compris celles où son meilleur ami a construit un camping.
Ce lieu évoque à Lucia un souvenir douloureux.
Trente ans plus tôt, deux jeunes touristes avaient été assassinées dans la forêt et Doralice, l’une des camarades de la narratrice, avait réussi à fuir après avoir reçu une balle dans la hanche.
Par lâcheté, par peur, par indécision, peut-être un peu des trois, Lucia ne visitera jamais son amie.
Trois décennies plus tard, elle aura le même comportement avec sa fille qui, agressée dans une rue de Milan, lance un appel au secours à sa mère auquel elle ne répondra pas, préférant rester chez elle plutôt que de rejoindre Amanda et la soutenir dans cette épreuve.
Habilement construit, sans temps mort, d’une grande finesse psychologique, « L’Âge fragile » aborde les thèmes de la transmission, de la condition de la femme, des traumatismes passés qui marquent les lieux et les hommes, des raisons pour lesquelles, et là encore c’est l’appréhension de l’autre et de l’ailleurs qui intervient, certains restent et d’autres partent, les difficultés de la parentalité qui peut être une souffrance.
« Élever Amanda a été douloureux » confie Lucia.
« L’Âge fragile est inspiré d’un féminicide qui s’est déroulé en 1997. Il est dédié « À toutes les survivantes ».
EXTRAIT
– La nature est belle pour les riches, pas si on doit y travailler comme un esclave.
Vous devez être connecté pour publier un commentaire.
+ There are no comments
Add yours