Critique – Economix – Michael Goodwin – Les Arènes
Depuis environ une soixantaine d’années, la bande dessinée a investi le réel dans une démarche plus ou moins engagée : histoire, politique, faits de société… Aucun domaine n’a échappé au 9e art.
Y compris l’économie qui fait l’objet de cet ouvrage édité en 2012 aux États-Unis.
En un peu plus de trois cents pages, Michael Goodwin, épaulé par Dan E. Burr au dessin, retrace la construction des économies du « passé lointain », où son fonctionnement était rudimentaire, à nos jours, où son organisation est extrêmement complexe, en convoquant les théoriciens, qui se sont souvent trompés en bâtissant des modèles théoriques purs basés sur les mathématiques qui faisaient fi de la réalité et des ressorts psychologiques des animaux sociaux que sont les humains.
Ces systèmes de pensée eurent des conséquences dramatiques sur les pays, qu’il s’agisse des États-Unis, sur lequel se concentre l’auteur, ou du reste de la planète.
Même si la mondialisation eut globalement des effets positifs sur la grande pauvreté, ces politiques aberrantes furent : un pillage des ressources naturelles, une destruction de l’environnement, un dérèglement climatique, une collusion entre les pouvoirs politiques et économiques, un débridement de la finance, un creusement des inégalités, une paupérisation des classes moyennes…
Avec un sens pédagogique affûté, Michael Goodwin rend (presque) limpide une discipline que la plupart d’entre nous méconnaissent alors qu’elle pèse d’un grand poids sur nos vies.
Il dénonce avec vigueur les comportements choquants des entrepreneurs américains, la collusion entre les politiques, les financiers et les industriels et la corruption plus ou moins généralisée.
Si la présidence de Trump ne figure pas dans cette BD, nul doute qu’elle devrait être scrutée lors d’une prochaine réédition. La condamnation évoquée ci-dessus d’un système fou devrait être encore plus virulente.
Malgré un tableau bien sombre, Michael Goodwin nous offre quelques raisons d’espérer. Un peu.
En s’appuyant sur les programmes de dépense keynésienne qui, selon lui, ont fait leurs preuves par le passé.
Petit bémol : la traduction est un peu maladroite.
Vous devez être connecté pour publier un commentaire.
+ There are no comments
Add yours