Critique – Cherchez la femme – Alice Ferney

Critique – Cherchez la femme – Alice Ferney


De Sacha, la toute-puissante arrière-grand-mère, à Serge, l’arrière-petit-fils, en passant par Nina, la petite-fille, et Vladimir, l’époux de cette dernière, Alice Ferney nous entraîne dans une réflexion sur le couple et, plus largement, sur la famille.

Tout commence avec Nina, enfant retirée à sa mère, trop fatiguée pour s’en occuper, par la grand-mère paternelle qui ne la rendra jamais. Ce « rapt » est une manière pour l’aïeule de combler la perte d’une fille en bas âge.

De son côté, Vladimir, qui a perdu sa mère très jeune, va s’amouracher de Nina, alors âgée de 16 ans, et épouser sa cadette de 11 ans. Favorable à l’émancipation des peuples – il est communiste – il a en revanche des idées bien arrêtées sur la condition féminine : une femme doit rester à la maison, faire des enfants et tout mettre en œuvre pour assurer le confort de son mari. Nina qui rêvait d’une carrière de danseuse ou de chanteuse, va vite déchanter et, pour protester contre sa condition, cette enfant gâtée ne trouvera comme moyen d’expression que les hurlements que Vladimir finira par ne plus entendre. Elle y ajoutera l’alcoolisme qu’elle a hérité de son père. Seule l’éducation de leurs deux fils assurera un lien entre les conjoints. Si Jean, le cadet, sera toujours déconsidéré (il « finira » entraîneur de nageurs), Serge, l’aîné, sera mis sur un piédestal. Résultat : l’enfant adoré deviendra un adulte pervers narcissique manipulateur.

C’est alors au tour de Serge de fonder une famille. Il portera son choix sur Marianne, une jeune femme énergique éduquée par une mère autoritaire. Mais là aussi, le mariage ira à vau-l’eau.

Dans un style impeccable, parfois trop léché, Alice Ferney s’interroge sur les séquelles de l’éducation, sur la filiation voire la génétique (« on fait des enfants non pas à deux mais à six, et davantage ») . Elle décortique la psychologie des personnages. Ne se contentant pas de décrire, elle explique, parfois à outrance, leurs actes et leurs réactions. En se plongeant dans leur tête, surtout celle de Serge, le « trop parfait », elle éclaire les non-dits et, finalement, toutes les raisons qui font que l’amour ne peut durer. C’est glaçant car sans espoir.

 

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