Critique – Manger l’autre – Ananda Devi – Grasset
A sa naissance, elle pesait plus de 10 kilos. Devenue adolescente, elle frôle les deux quintaux. Entre-temps, sa mère s’est enfuie affolée par le monstre qu’elle a engendré.
Elle vit seule avec un père cuisinier qui entretient son appétit en lui concoctant de bons petits plats qu’elle ingurgite avec délectation et avidité tout en s’adressant à elle comme si elle était double, comme si son énorme corps contenait une sœur jumelle. Pas facile dans ces conditions d’avoir une vie équilibrée…
Rejetée par ses « camarades » de classe parce que son physique difforme ne répond pas aux canons de beauté, elle se cloître dans sa chambre pour dévorer en toute tranquillité.
Allégorie des excès de la société de consommation, « Manger l’autre » est le magnifique portrait d’une jeune fille qui aimerait être une autre. Mais le plaisir de manger est plus fort !
L’écriture, virtuose comme toujours chez cette femme de lettres mauricienne, oscille entre truculence et sensualité. Et l’humour et le sens de l’autodérision de la narratrice allègent le climat morbide qui plane sur le récit.
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