Critique – Le Romantique – William Boyd – Seuil
Depuis « Un Anglais sous les Tropiques » (1984), William Boyd ne cesse de se réinventer pour embarquer ses fidèles lecteurs sous toutes les latitudes et à toutes les époques.
Le point de départ de son dernier roman est né de la découverte de l’autobiographie d’un obscur Cashel Greville Ross. Intrigué par cette trouvaille incomplète, l’auteur britannique entreprend, comme il le souligne dans le prologue, « d’aller au-delà des faits avérés, d’en franchir les barrières », ce que seule la fiction permet. Et son imagination à supposer ce que fut l’existence de son personnage ne déçoit pas.
L’enfance irlandaise de Cashel qui naquit en 1799 est fondée sur un mensonge, celui d’Elspeth, la femme avec laquelle il vit qui affirme être sa tante alors qu’elle n’est autre que sa mère.
L’enfant, persuadé d’être orphelin, est le fruit des relations adultères entre le seigneur local et la préceptrice des enfants de celui-ci.
Bouleversé par l’annonce de la vérité sur ses origines, il fuit, s’engage dans l’armée anglaise et part combattre à Waterloo, bataille de sinistre mémoire pour les Français mais qui est une épreuve décisive pour l’adolescent auréolé d’une belle médaille et marqué par une blessure à la jambe.
De retour chez sa mère pour se faire dorloter, Cashel, qui a décidément la bougeotte, part pour les Indes comme officier dans l’armée.
De nombreuses expériences professionnelles et des rencontres surprenantes se succéderont tout au long de ses multiples périples, de l’Afrique aux États-Unis en passant par l’Italie où naît un amour indestructible avec une belle comtesse.
Sous la plume puissamment romanesque et teintée d’humour de William Boyd, Cashel est un personnage diablement attachant que nous suivons avec une quasi-addiction dans ses pérégrinations, ses états d’âme et ses choix souvent dictés par le cœur plus que par la raison.
Au-delà du portrait très réussi d’un honnête homme, tellement probe qu’il en devient parfois naïf, l’auteur nous plonge dans un 19e siècle où l’Angleterre, avec son vaste empire né d’une colonisation forcenée, domine le monde avec morgue et absurdité (cf. la répression des indigènes aux Indes).
« Le Romantique », qui aurait pu s’appeler « L’Éternel amoureux », est un roman « sentimentalo-aventurier » à l’ancienne comme on les aime.
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