Critique – Les livres de Jakob – Olga Tokarczuk – Noir sur Blanc

Critique – Les livres de Jakob – Olga Tokarczuk – Noir sur Blanc


« Les livres de Jacob » nous raconte l’histoire d’un homme qui a réellement existé et à propos duquel Olga Tokarczuk déploie son imagination débordante pour nous livrer une lecture époustouflante de virtuosité dont la pagination inversée rend hommage aux ouvrages écrits en hébreu.

Dans la deuxième moitié du 18ème siècle en Pologne, un juif prénommé Jakob s’opposa au Talmud et enjoignit ses nombreux partisans à adhérer à la religion catholique. Alors que les tenants du strict respect de la doctrine s’opposent à lui, les catholiques se frottent les mains de pouvoir attirer dans leurs rangs leurs ennemis jurés.

Comment celui qui pourrait apparaître pour certains comme un escroc, un mythomane, un imposteur, un schizophrène a la fois beau et laid, un mégalomane qui se prend pour le Messie, un incestueux amateur de chair fraîche qui aime boire le lait aux seins des femmes a-t-il pu convaincre autant de disciples ? La réponse est dans son charisme, son courage, sa capacité, comme le phénix, à renaître de ses cendres, et l’espoir qu’il instille d’atteindre la rédemption en faisant table rase des croyances et des préjugés.

Au-delà du personnage fantasque de Jakob, j’ai surtout aimé la reconstitution du 18ème siècle où à la pauvreté des gens de peu qui vivent au rythme des saisons s’oppose la magnificence des intérieurs bourgeois et des cours européennes.

Alors que le servage sévit encore dans les campagnes, l’esprit des Lumières perce timidement en Europe orientale par la voix du père Chmielowski, auteur de la première encyclopédie polonaise.

Roman monstre, « Les livres de Jakob » est, malgré des longueurs, un récit maîtrisé, souvent drôle et extrêmement bien documenté d’un mouvement religieux et d’une époque charnière où le foisonnement des idées annonce un monde nouveau.

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