
Critique – L’Épicerie du Paradis sur Terre – James McBride – Gallmeister
Fils d’un révérend afro-américain et d’une immigrée juive d’origine polonaise, James McBride, auteur du formidable roman d’apprentissage « L’Oiseau du Bon Dieu » (National Book Award 2013), nous entraîne dans son dernier opus au cœur d’un quartier de Pottstown en Pennsylvanie : Chicken Hill.
Pendant l’entre-deux-guerres, le Juif Moshe, qui déteste le yiddish, n’hésite pas à convier des musiciens noirs pour remplir sa salle se spectacle.
Avec sa femme Chona, la charmante fille d’un rabbin dotée d’un pied bot, il entretient même des liens d’amitié avec ses frères « de couleur » dans un pays où les communautés s’ouvrent peu à l’altérité.
À l’instar des Blancs, nostalgiques d’une Amérique pure fantasmée que les Noirs et les exilés d’Europe de l’Est et d’Italie entachent et menacent alors qu’ils ne cherchent qu’à conquérir un peu de la liberté promise.
Soudés par la haine antisémite et raciste, Juifs et Blacks vont se mobiliser pour faire sortir d’une institution psychiatrique, un lieu infâme où la maltraitance est la règle, un garçon noir sourd et orphelin.
Composé de vingt-neuf chapitres, le récit déroule des chroniques d’un quartier où la bonté triomphe de la méchanceté.
Avec une habileté à narrer la vie des gens de peu, à composer des dialogues justes, à façonner des personnages hauts en couleur, James McBride, entre humour et gravité et sachant instiller un soupçon de religiosité fantastique, offre aux lecteurs une fresque criante d’humanité, de fraternité et de tolérance alors que la peste brune commence à sévir de l’autre côté de l’Atlantique.
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.
+ There are no comments
Add yours