Critique – Asymétrie – Lisa Halliday – Gallimard
Le premier roman de Lisa Halliday porte bien son nom. « Asymétrie » raconte en effet deux histoires différentes qu’une interview jubilatoire vient clore.
Asymétrique aussi est la relation entre Alice et Erza, près de cent ans à eux deux mais la première a une vingtaine d’années et le second pourrait être son grand-père.
La partie « Folie » qui narre la relation plus ou moins autobiographique entre la jeune femme, double de l’auteur, et le septuagénaire dont le personnage est inspiré de Philip Roth, m’a laissé un sentiment mitigé.
Admiratrice de l’oeuvre de l’auteur de « La tache », j’ai été un peu destabilisée par le regard presque trivial que Lisa Halliday porte sur le grand homme de lettres, sorte de vieux séducteur élégant perclus de douleurs qui s’offre un peu de jeunesse. Ce tableau un peu moqueur est parfois contrebalancé par le récit de la complicité littéraire, musicale et sportive qui unit ces deux-là ainsi que de l’humour désabusé de celui qui plaisante sur le Prix Nobel qu’il n’aura jamais obtenu.
La première moitié du roman dégage une impression de tristesse car cet amour entre l’énergique Alice et le presque vieillard qui réclame « de la tendresse, rien que de la tendresse » (en français dans le texte) est sans issue.
Dans « Furie », la partie la plus réussie selon moi, met en scène un certain Amar, conçu à Bagdad mais né non loin de Cape Cod. Depuis le 11 septembre 2001, l’Occident est devenu paranoïaque. Par ses origines, l’américano-irakien est forcément suspecté. Il est retenu dans la zone de transit d’Heathrow alors qu’il doit partir à la recherche de son frère disparu en Irak, désormais envahi par les Etats-Unis.
Le contexte mondial et les références font le lien entre les deux récits. Mais l’exercice de style tombe un peu à plat.
EXTRAITS
- Les hommes sont faits pour tuer. Ils s’emparent de ce qui ne leur appartient pas et défendent leurs possessions, aussi maigres soient-elles. Ils ont recours à la violence quand les mots ne suffisent plus, mais parfois les mots ne suffisent plus parce que ceux qui ont toutes les cartes en main s’obstinent à faire la sourde oreille.
- La guerre est la méthode que Dieu a choisie pour apprendre la géographie aux Américains.
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