Critique – Il était une fois à Hollywood – Quentin Tarantino – Fayard
Nous sommes davantage habitués à voir le cinéma adapter des oeuvres littéraires que l’inverse.
La novélisation que propose Quentin Tarantino au moment même où il annonçait l’arrêt de sa carrière de réalisateur à 58 ans est la mise en roman du film éponyme « Il était une fois à Hollywood » qui se déroulait en 1969.
Ceux qui ont vu le long métrage avec Leonardo DiCaprio et Brad Pitt dans les rôles principaux retrouveront les personnages de Rick Dalton et de Cliff Booth.
Le premier est un acteur has been qui noie ses rancoeurs et sa bipolarité dans le whisky sour. Quand son agent lui propose de tourner « des putains de films italien » c’est-à-dire des westerns spaghetti, son sang ne fait qu’un tour.
Le second est l’ami et la doublure cascade de Rick mais celui-ci ayant de moins en moins de propositions, il est plutôt son homme à tout faire et son confident. Vétéran du second conflit mondial, il se vante d’avoir occis un paquet d’ennemis. Il a commis d’autres assassinats, dont celui de sa femme, mais son aura de briscard lui a épargné la prison. Contrairement à son boss plutôt bas du plafond, Cliff a une passion pour les films d’auteur européens qu’il est de bon de ton de ne pas afficher dans la Mecque du cinéma qui ne propose, sauf quelques exceptions, qu’une « production globale d’une normalité factice » s’adressant aux grands enfants que sont les Américains.
Après avoir visionné « A bout de souffle » de Godard, il s’enthousiasme pour Belmondo. « Ce mec ressemble à un putain de singe. Mais un singe qui me plaît » constate-t-il.
Mais c’est dans le cinéma et les séries made in USA de l’après-guerre aux années 1960 que Tarantino aime le plus barboter en truffant son récit de titres et de noms d’acteurs pour mieux révéler la tartuferie et la frivolité du milieu hollywoodien. Un name dropping un peu assommant pour un lecteur peu concerné par le sujet. Ce qui est formidable sur le grand écran ne l’est pas forcément dans le cadre d’un roman.
Pour pimenter son récit, le réalisateur de « Pulp Fiction » fait un pas de côté et nous entraîne du côté de Roman Polanski et de Sharon Tate, voisins de Rick. En parallèle, la « Famille » de l’illuminé Charles Manson, musicien raté, fait planer une ambiance inquiétante.
Si j’ai parfois souri à la lecture des dialogues enlevés de Tarantino, j’ai refermé le livre avec un sentiment de frustration. Tout ça pour ça !
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