Critique – Le livre des enfants – A. S. Byatt

Critique – Le livre des enfants – A. S. Byatt


D’emblée, la couverture de ce gros pavé de près de 700 pages attire l’oeil. Y figure une magnifique broche conçue par Lalique et présentée en 1900 à l’Exposition Universelle de Paris.

Nous sommes en 1895 en Angleterre dans la famille Wellwood où on prépare activement la représentation du « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare. Sont conviés pour cette occasion les membres de la famille proche et les amis, des personnages que l’on retrouvera tout au long de ce livre ample. Olive et Humphry, parents d’une ribambelle d’enfants, sont les maîtres de cérémonie. Ils vivent dans une vaste demeure avec Violet, la sœur d’Olive. Toutes les deux sont issus d’un milieu populaire.

Difficile de résumer l’histoire de ce roman riche qui aborde de nombreux thèmes sous l’oeil bienveillant ou parfois effrayant de Dickens, des frères Grimm, de Peter Pan et de Lewis Carroll.

Il s’agit d’un roman total qui décrit aussi bien la nature humaine avec ses sentiments contradictoires, son goût pour les secrets mais aussi l’histoire de l’Angleterre (avec des incursions en France et en Allemagne) dans ses dimensions sociale, politique, culturelle et artistique. L’auteur nous entraîne aussi bien dans les mines, clin d’oeil à Dickens, que dans les milieux réformateurs à l’instar des Fabiens, des féministes ou encore des Préraphaélites.

« Le livre des enfants », c’est aussi, et avant tout, l’éloge de l’enfance avec Olive, cette mère un peu distante avec sa progéniture mais qui écrit pour chacun de ses petits (est-ce la raison pour laquelle elle a autant d’enfants? Écrit-elle ce genre littéraire parce qu’elle refuse de grandir ?) un conte, histoire cruelle et effrayante.

Roman au souffle épique, aux accents parfois fantastiques, truffé de figures de style, « Le livre des enfants » est une oeuvre à la fois très documentée sur une époque passionnante (une Angleterre foisonnante au plan intellectuel mais insensible à la misère du peuple), puissante, intelligente, brillante.

Les nombreux personnages qui évoluent tout au long de cette fresque familiale ont tous un caractère bien marqué sans être dans la caricature.

Cette histoire, qui démarrait dans la frénésie et l’excitation (même si on devine que quelques ombres pèsent sur cette gaîté quelque peu artificielle), sombre dans la tragédie de la Première Guerre mondiale.

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