Critique – L’équilibre du monde – Rohinton Mistry – Albin Michel

Critique – L’équilibre du monde – Rohinton Mistry – Albin Michel


1975. Quatre personnages improbables se retrouvent dans la même maison d’un quartier d’une grande ville indienne (on pense à Calcutta en raison de sa proximité avec la frontière avec le Bangladesh).

Il y a Dina, « l’hôtesse », une forte femme qui, depuis son veuvage, tire le diable par la queue. Refusant d’être entretenue par son frère, elle cherche par tous les moyens à survivre financièrement. Maneck, étudiant descendu de sa montagne, deviendra son locataire. Ishvar et Om, oncle et neveu, travailleront pour elle comme tailleurs. L’aigrie Dina trouvera avec ces hommes non seulement un moyen de subsister mais aussi une amitié qui la sortira de sa solitude.

De l’indépendance à l’état d’urgence décidé par Indira Gandhi, c’est un pan de l’histoire de l’Inde qui est évoqué avec une puissance romanesque digne d’un Victor Hugo : l’opposition entre les villes où la violence domine et les campagnes où la solidarité permet de survivre malgré la persistance du système des castes officiellement aboli lors de l’indépendance ; la volonté du gouvernement de lutter contre la pauvreté en éradiquant les plus miséreux et en les stérilisant ; le conflit entre les archaïsmes et la modernité qui fait de cette nation un patchwork composite comme celui que Dina confectionne inlassablement.

Entre récit intimiste et portrait social et politique, « L’équilibre du monde » est un roman-monstre qui vous happe dans ses tentacules pour ne vous lâcher, exténués, charmés et bouleversés, qu’au bout de près de 900 pages.

+ There are no comments

Add yours