Critique – Les jours enfuis – Jay McInerney – L’Olivier

Critique – Les jours enfuis – Jay McInerney – L’Olivier


Après « Trente ans et des poussières » et « La belle vie », on retrouve avec plaisir Corrine et Russell.

Jay McInerney se penche avec son regard au scalpel sur les années 2007-2008, celles de la crise des subprimes, du lâchage de Lehman Brothers, du début de la crise économique mondiale et de l’élection présidentielle américaine qui vit la victoire d’Obama.

Russell, faute de talent d’écriture, est toujours « serviteur du Verbe écrit ». Il a même racheté la maison d’édition pour laquelle il travaillait mais ses auteurs lui donnent du fil à retordre et les livres un peu exigeants se vendent de moins en moins bien.

Quant à Corrine, depuis son expérience de l’aide aux victimes du 11 septembre, elle est toujours investie dans l’humanitaire.

Au sein du couple, rien ne va plus. L’amour a cédé la place à l’habitude. Les reproches, surtout de la part de Corrine, s’accumulent. Elle rêve d’une « vie d’adulte » avec une seconde salle de bains dans leur loft trop étriqué de TriBeCa… En bonne new-yorkaise soucieuse de sa ligne, elle a du mal à comprendre l’engouement de son mari pour la gastronomie.

Sa rencontre avec Luke (le Luke de « La belle vie ») est l’occasion pour elle de rompre avec la monotonie du quotidien.

Avec ce féroce portrait d’une ville qui s’est embourgeoisée avec son lot de millionnaires qui ne voient pas plus loin que les performances de leurs portefeuilles boursiers, Jay McInerney prend plaisir, souvent avec cynisme, parfois avec empathie, à décrire un monde qui s’effondre, les destins individuels entrant en résonance avec la grande histoire.

EXTRAITS

  • (…) lorsqu’ils survolèrent le cimetière à l’est du Queens et aperçurent au-dessus d’une mer ondoyante de pierres tombales la silhouette des immeubles de Manhattan, surprise de nouveau par sa récente défiguration, comme un sourire familier auquel il manquerait désormais deux dents.
  • J’ai l’impression qu’on ne fait jamais plus d’expériences esthétiques par soi-même, dit Corrine. Chaque fois qu’on prend un livre ou qu’on va voir un film, on a déjà lu un commentaire dessus.

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