Critique – Memorial Drive – Natasha Tretheway – L’Olivier
L’auteure est née en 1966 dans le Mississippi de l’union d’un père blanc et d’une mère noire. Une incongruité dans cet état du sud des Etats-Unis qui n’avait pas encore légalisé les mariages interraciaux.
Ce n’est pas sur son enfance de petite métisse regardée de haut par les WASP que Natasha Trethewey a choisi d’écrire mais sur la courte vie de sa mère assassinée par son second mari, après des années de maltraitance, un jour de juin 1985. Même si les destins des deux femmes sont intimement liés.
La mort tragique de Gwendolyn, sa fille l’a occultée. Elle parle
de l’évitement muet de son passé, un passé qui la rattrape malgré elle car elle est faite d’une histoire familiale avec ses moments à la fois heureux et dramatiques.
En couchant sur la papier ses souvenirs éclatés qu’elle reconstitue comme un puzzle et qu’elle mêle à des extraits du journal de sa mère, de procès-verbaux de la police et de conversations téléphoniques entre la victime et son bourreau, l’écrivaine dessine une forme de tombeau littéraire pour que celle qui l’a mise au monde ne sombre pas dans l’oubli. Au-delà de Gwendolyn, ce témoignage a une portée universelle qui atteste des violences faites aux femmes.
Ce récit est d’autant plus poignant qu’il monte en intensité au fur et à mesure de son déroulement, passant d’une froideur presque clinique à une colère légitime, l’écriture servant alors d’exutoire, de révélation et de libération d’une culpabilité qui hantait l’enfant devenue une adulte vouant sa vie à la littérature et à la poésie.
EXTRAIT
La mort même de ma mère est rachetée dans l’histoire de ma vocation, lui donne un sens au lieu d’en faire quelque chose d’insensé. C’est l’histoire que je me raconte pour survivre.
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