Critique – Un garçon sur le pas de la porte – Anne Tyler – Phébus

Critique – Un garçon sur le pas de la porte – Anne Tyler – Phébus


« On se demande ce qui peut bien se passer dans la tête d’un homme comme Micah Mortimer ».

Rien répond-on tellement ce quadragénaire a une vie lisse, routinière, sans aucune aspérité. Tous les jours, il se lève à la même heure, fait son jogging dans les rues de Baltimore, sort les poubelles de la résidence dont il assure plus ou moins l’intendance, vaque à ses occupations ménagères, assure des dépannages informatiques via « Techno Crack », la petite entreprise qu’il a créée. Il a certes une petite amie mais n’a pas envie de s’engager. Voilà son problème. Il ne supporte pas la moindre contrariété qui pourrait gêner ce train-train quotidien dans lequel il se complaît. L’attachement à ses habitudes semble plus puissant que sa capacité à aimer et à faire des concessions pour garder une relation. Est-ce de l’indifférence ou la peur du changement forcément anxiogène ? Un peu des deux sûrement.

Ce bel ordonnancement va être chamboulé par l’intrusion d’un certain Brink, 18 ans, qui pense que Micah est son père. Ce fils putatif serait le fruit de sa relation avec une certaine Lorna alors qu’il était étudiant. Cette irruption va l’obliger à sortir de sa zone de confort mais, comme d’habitude, sa maladresse va tout gâcher…

A la lecture de « Un garçon sur le pas de la porte », on ressent de la tristesse pour le personnage principal sur lequel les événements glissent comme la pluie sur les plumes d’un canard. Cet être volontairement asocial, sans aucun sens de la psychologie et transparent pour les autres est incapable d’exprimer ses sentiments et de se remettre en cause en se donnant le beau rôle et en effaçant de sa mémoire ses erreurs et ses manquements. L’existence du « Dieu de la circulation », comme il se surnomme, est un exemple de vacuité que Anne Tyler sait parfaitement exprimer avec son style plutôt plat, très descriptif, voire hyperréaliste à la manière d’un tableau de Norman Rockwell.

L’auteure pose une question essentielle : est-on capable de se transformer ? La réponse est à la fin du roman.

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