Critique – Avec toutes mes sympathies – Olivia de Lamberterie – Stock

Critique – Avec toutes mes sympathies – Olivia de Lamberterie – Stock


14 octobre 2015. Une date qui restera gravée à jamais dans la tête de l’auteure. C’est celle de la disparition de son frère adoré Alex, mort par suicide.

Au-delà de la sidération qui la saisit, Olivia de Lamberterie tente, par le biais de l’écriture, de comprendre ce qui a poussé le quadragénaire à commettre cet acte fatal alors qu’il avait tout pour être heureux. Il était beau, intelligent, avait une femme (quelle abnégation !) et des enfants qu’il aimait, un job qui lui plaisait mais comment lutter contre la mélancolie qui semble inscrite dans les gènes familiaux. Et de citer les nombreux cas de suicide qui ont frappé les générations précédentes. Et de tenter d’expliquer le geste de son cadet à la « sensibilité trop exacerbée », lucide sur le monde qui l’entourait et incapable de supporter le poids de la vie. Et de fustiger les psychiatres incapables de mettre un nom sur le mal dont souffre Alex depuis tant d’années.

Le touchant tombeau littéraire que nous livre la journaliste est l’occasion de digressions pour raconter l’histoire de sa famille pour laquelle la règle de vie « never complain, never explain » s’applique et de confier au lecteur ses sentiments et un moment de son existence : celui où elle perd pied, où elle panique, où elle ne peut plus travailler parce qu’elle ne peut plus lire, où elle culpabilise, où elle se force à faire bonne figure pour les siens, où elle est sur le point de renouer avec la dépression qui l’a envahie à 21 ans au moment de la naissance de son fils, où elle écrit « pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri »

Et puis, il y a beaucoup de justesse et de l’humour, celui du désespoir, celui qui donne le change, celui qui aide à conjurer la mort.

Sur un sujet éminemment personnel, Olivia de Lamberterie sait nous émouvoir. La souffrance est universelle.

EXTRAITS

  • Lire répare les vivants et réveille les morts.
  • Mon frère était la seule personne à qui je me confiais. Nous étions deux muets qui l’un en face de l’autre retrouvaient l’usage de la parole.
  • Dans la famille, on se suicide comme chez les Hemingway. C’est chic, c’est atroce.
  • Un frère, c’est les parents sans les incompréhensions et les emmerdements, ce sont ses racines, ce terreau de l’enfance qui nous a fait pousser.

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