
Critique – Chevreuil – Sébastien Gendron – Gallimard
« Chevreuil » ouvre sur une scène horrifique qui a priori n’a rien à voir avec la suite du récit qui se déroule de nos jours à Saint-Piéjac, bourgade du Sud-Ouest de la France dont les habitants ont quelques « passions » : la chasse, l’alcool, les jeux à gratter, le loto et Éric Zemmour dont le visage trône sur les affiches de campagne.
Comme le dit Kim, la chroniqueuse du roman : « Ici, on est encore au Moyen Âge. Mais le Moyen Âge période très obscure, quand on brûlait les sorcières. »
N’ayant ni Arabes, ni Noirs et ni sorcières à se mettre sous la dent, les « bas du plafond » exercent leur haine de l’autre sur un ressortissant de la perfide Albion : Connor Digby surnommé le Briton par les locaux.
Auteur de romans pour la jeunesse et trafiquant à l’occasion de voitures de luxe, celui-ci voit sa solitude se briser grâce à une rencontre avec une rousse flamboyante à la sexualité insatiable et à l’humour ravageur portant le doux prénom de Marceline, laquelle est accessoirement poursuivie par un mari peu fréquentable.
Quant au quinquagénaire sorti de son isolement, il se félicite du retour de sa libido !
Sur une intrigue plutôt mince racontée par une narratrice simulant être atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette, Sébastien Gendron enchaîne scènes empruntant au comique de situation version scabreuse, des dialogues absurdement savoureux, des saillies reflétant la bêtise des indigènes, le tout saupoudré d’un humour noir réjouissant, décapant et délicieusement amoral pour les amateurs d’un genre qui emprunterait à Frédéric dard et à P. G. Wodehouse.
EXTRAIT
– Quand tu refuses de subir quelques chose, ceux qui acceptent de subir, ils te détestent plus qu’ils détestent celui qui les fait subir.
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