Critique – Emmett Till – Arnaud Floc’h – Sarbacane

Critique – Emmett Till – Arnaud Floc’h – Sarbacane


Un journaliste musical vient interviewer un vieux bluesman noir. Mais ce n’est pas sa musique qui intéresse le jeune homme blanc. C’est Emmet Till que l’homme a connu.

Quelques décennies plus tôt, en août 1955, Emmett Till, 14 ans, quitte Chicago pour Money dans le Mississippi. Il doit passer des vacances chez son grand-oncle Moïse et ne sait pas qu’il n’a plus que quelques jours à vivre. Le jeune garçon n’a manifestement pas les codes qui prévalent dans le Sud où les Noirs doivent faire profil bas. Près d’un siècle après la guerre de Sécession et la fin de l’esclavage, la rancune des Confédérés est intacte.

Avec l’insolence de son âge et les habitudes du Nord où ses semblables sont un peu mieux traités, Emmett lorgne les femmes et courtise la jolie Carolyn Bryant, l’épicière dont le magasin est interdit aux Afro-Américains.

Mal lui en a pris. Roy, le mari, ne supporte pas qu’un sous-homme ait enfreint les règles tacites. Avec son demi-frère, il lynche le jeune garçon. On repêchera son corps quelque temps après.

Un procès est organisé. Les deux hommes reconnaissent avoir enlevé Emmett mais n’avouent pas le meurtre. Les jurés, tous blancs, les acquittent. Quelques mois plus tard, il vendent leur témoignage à « Look magazine » dans lequel ils avouent avoir bien tué l’adolescent. Rien ne se passera.

Difficile pour un auteur de faire le récit d’une histoire dont on connaît la fin. Arnaud Floc’h introduit finement le personnage du journaliste qui prouve que, malgré le « Civil Rights Act » de 1964 et le « Voting rights Act » de 1965, les Noirs sont toujours victimes de discrimination. Ils sont surreprésentés en prison et dans le couloir de la mort et leur situation financière s’est dégradée sous la présidence d’Obama. Ils sont aussi les premières victimes des violences policières dont les responsables sont souvent impunis.

Avec une rage froide, il décrit le calvaire d’Emmett et le traitement des Noirs dans les années 1950. Une façon de le sortir de l’oubli.

En décembre 1955, Rosa Parks refuse de céder sa place à un blanc dans un bus qui sillonne . Elle est arrêtée. C’est le début d’une mobilisation sans précédent portée par Martin Luther King.

« Emmett Till » est une BD qui pourrait être un bon support pédagogique pour aborder le racisme dans un cadre scolaire.

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