Critique – La Piste du vieil homme – Antonin Varenne – Gallimard
Loin des auteurs qui se cantonnent à un genre littéraire, Antonin Varenne prouve une nouvelle fois qu’il a un talent multiforme.
Après le « noir », il s’est lancé dans le roman d’aventure avec, notamment, le superbe « Trois mille chevaux vapeur » (2014) où les préoccupations sociales ne sont pourtant jamais absentes.
C’est aussi le cas dans son dernier opus qui met en scène un antihéros comme on les aime.
Simon, septuagénaire dont le corps commence à lâcher (les descriptions de son délitement physique sont dignes de certaines évocations consignées dans la « Correspondance » de Flaubert), s’est installé à Madagascar pour y développer une activité touristique.
Son train-train quotidien va être bouleversé lorsqu’il reçoit une lettre de sa fille lui enjoignant de retrouver son frère, lui aussi installé sur l’île, qui ne donne plus signe de vie.
Simon, dont les liens avec ses enfants n’ont jamais été idylliques, se prépare à sillonner le territoire en quête de son fils.
Embarqué à bord d’un buggy que n’auraient pas renié les hippies des années 1970, il va vivre une expérience semée d’embûches et de rencontres plus ou moins sympathiques, dont l’une avec une sœur dévouée à la population.
À son contact et à celui des autochtones, Simon va s’ouvrir aux autres et effacer peu à peu son masque de vieux ronchon revenu de tout.
Avec un humour un brin désabusé et un sens du rythme qui ne faiblit jamais, Antonin Varenne nous offre le portrait d’un homme qui accomplit un parcours intérieur et temporel teinté de nostalgie et de regrets, ceux de ne pas avoir su exprimer ses sentiments, ainsi qu’un tableau d’un pays attachant miné par la pauvreté (le 5e du classement mondial) et gangrené par la corruption et la violence.
EXTRAITS
- Il faut croire que les seuls enfants au monde à qui j’ai laissé de mauvais souvenirs sont les miens.
- Maintenant que je suis vieux, je sais pourquoi l’avenir m’inquiète de moins en moins : parce qu’il y en a de moins en moins.
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