Critique – La vie clandestine – Monica Sabolo – Gallimard

Critique – La vie clandestine – Monica Sabolo – Gallimard


Merci à Babelio et aux Éditions Gallimard pour cette lecture.

Le temps d’un livre, Monica Sabolo a abandonné la fiction pour s’attacher à l’histoire des membres d’Action directe, groupuscule terroriste dont le plus sordide fait d’armes fut l’assassinat en 1986 de Georges Besse, patron de Renault et père de famille.

En se penchant sur le destin de cette poignée d’activistes, travail qu’elle espérait lucratif, l’autrice, contre toute attente, trouve des similitudes avec sa propre vie faite de silences, de secrets et de violences. C’est en effet le lot de tout être humain de se reconnaître dans l’autre. Si terrible que fut son comportement.

Sur plus de trois cents pages, Monica Sabolo tente de lever le voile sur les énigmes que furent Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani ainsi que sur les raisons qui les ont poussés à commettre l’irréparable et à vivre après un assassinat.

C’est cette épiphanie qui fut le préalable nécessaire à la découverte de la vérité sur elle-même, sur un passé qu’elle avait, par le processus de l’amnésie traumatique, oublié. Celle qui a le sentiment d’être en dehors de son corps et enfermée dans la solitude s’est réconciliée avec elle-même.

C’est avec une grande intelligence et en se refusant à juger qu’elle a construit comme un puzzle ce récit bouleversant par son humanité et ses rencontres (cf. entre autres son amitié avec la lumineuse Hellyette, compagne de route des « combattants révolutionnaires » comme les qualifie l’autrice), son envie de comprendre et sa capacité à traduire en mots des impressions et des souvenirs enfouis. Proust n’est pas loin ! Car, n’est-ce pas l’auteur de « La Recherche » qui nous exhorte à nous saisir de nos vies parce que nous sommes les seuls à les comprendre ?

EXTRAITS

  • J’ai lu quelque part que le souvenir n’est pas le souvenir de l’instant T où l’événement a eu lieu, mais le souvenir de la dernière fois où le souvenir a surgi. Nos souvenirs sont des souvenirs de souvenirs de souvenirs.
  • J’aimerais lui demander comment on fait pour vivre hors de la fiction, pour habiter le réel et le présent.
  • Il fallait que je me tienne à distance, dans un lieu sans interaction ni être humain, où je pouvais rêver ma vie.
  • Ce qui a eu lieu a eu lieu. Telle est la vérité avec laquelle nous devons apprendre à vivre.

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