Critique – Le discours – Fabrice Caro – Gallimard

Critique – Le discours – Fabrice Caro – Gallimard


« Le discours » aurait pu s’intituler « Le dîner ». C’est en effet autour d’un repas familial qu’est construit le roman de Fabrice Caro.

Quant au speech dont il est question, il se réfère à une demande formulée par Ludo, le futur beau-frère d’Adrien. « Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie » lance le fiancé.

Une angoisse saisit le narrateur, non seulement parce qu’il est d’une timidité maladive, mais aussi parce que sa compagne vient de le quitter pour faire une pause et qu’il lui a envoyé un SMS stupide, alors qu’il s’était promis de s’abstenir. Mais l’amour était plus fort et, avec lui, le désespoir de l’abandon.

Avec son humour un brin absurde qui vise toujours juste, Fabrice Caro a le don de s’emparer d’un homme ordinaire, dont la maladresse donne lieu à des quiproquos cocasses, pour se moquer gentiment de la famille, cette communauté étouffante qui fonctionne selon des règles immuables.

Il fait d’un dîner de famille une pièce de théâtre où chacun joue un rôle et dans laquelle personne ne s’écoute ni ne se comprend.

« Le discours » est une lecture délicieuse qui, mine de rien, pointe du doigt la profonde solitude de son antihéros, un loser magnifique victime de l’ignorance de ses proches de ce qu’il est vraiment, quelqu’un qui donne le change pour cacher son mal-être et le désamour dont il est l’objet. Et dire qu’on trouve ça drôle ! Il est vrai que le malheur des autres a quelque chose de réjouissant. Surtout quand il est mis en scène par Fabcaro.

EXTRAITS

  • J’ai quarante ans et j’achète des Tic Tac pour cacher à mes parents que je fume, voilà où on en est.
  • Il découvrait qu’il y a pire qu’un échec amoureux : l’échec d’un échec amoureux.

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