Critique – Le rire des déesses – Ananda Devi – Grasset

Critique – Le rire des déesses – Ananda Devi – Grasset


Dans les bas-fonds d’une ville indienne vivent des prostituées. Parmi elles, Veena, une femme toujours en colère, même contre sa fille à laquelle elle n’a même pas donné de prénom. C’est l’enfant qui va décider de s’appeler Chinti, la fourmi. Parce qu’elle peut se glisser partout pour observer le monde qui l’entoure, parce qu’elle veut être libre pour ne pas sentir « le poids d’un homme ».

Ce monde, il est laid, sale et figé tant la société indienne est sclérosée par le système des castes, pourtant aboli en 1947, et la religion hindouiste.

Pourtant, dans ce cloaque, il y a quelques lueurs d’espoir : la sororité qui unit toutes ces femmes de peu. Non loin de là, vivent les hijras, une communauté de transsexuels, qui subsistent grâce à leur talent de danseuse et de chanteuse. C’est Sadhana, l’une d’entre elles, qui raconte le destin de leurs sœurs et, surtout, de la petite Chinti, donneuse de joie.

Toutes vont s’unir contre Shivnath, homme de Dieu manipulateur, qui, contrairement à ses congénères juste venus assouvir auprès des prostituées leurs besoins sexuels, veut jouir de l’innocence de l’enfance pour la souiller.

Entre crudité et poésie, Ananda Devi nous livre le portrait saisissant d’un pays, difficile à saisir pour un occidental individualiste, qui navigue entre fatalisme et démesure.

EXTRAIT

Ce pays a parfait l’art de l’indifférence grâce aux mythes qui disent que tout est écrit.

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