Critique – Les Gens de Bilbao naissent où ils veulent – Maria Larrea – Grasset

Critique – Les Gens de Bilbao naissent où ils veulent – Maria Larrea – Grasset


« Les gens de Bilbao naissent où ils veulent » commence sur les chapeaux de roue dans une langue flamboyante et visuelle façon Gabriel Garcia Marquez revisité par Pedro Almodovar.

Dolores expulse de son ventre proéminent un second enfant. Déception, le bébé est une fille ! Qu’importe, les bonnes sœurs seront ravies de récupérer le poupon prénommé Victoria. En grandissant, celle-ci devint « une beauté divine » convoitée par tous les hommes. Mais c’est Julian, lui aussi plutôt beau gosse, qu’elle épousa. Né des entrailles d’une pute obèse dotée d’un décolleté affriolant, le futur mari fut laissé aux « bons soins » d’un orphelinat de Bilbao. Il en garda une haine viscérale pour la religion catholique, s’imaginant même « déféquer […] sur l’hostie consacrée », et un penchant pour le nationalisme basque.

Les deux gamins abandonnés subiront des maltraitances qui les affecteront à jamais.

Ce n’est qu’à l’âge de vingt-sept ans, en se faisant tirer les cartes par une tarologue, que Maria, la narratrice double de l’autrice découvre qu’elle a été adoptée par Victoria et Julian. Commence alors une quête frénétique et obsessionnelle à la recherche de ses origines.

Si les secrets de famille ont toujours été largement exploités par la littérature, la voix jubilatoire et le sens de l’autodérision de Maria Larrea ont la faculté de nous emporter dans sa recherche aux limites de la folie.

Comme Lola Lafon dans « Quand tu écouteras cette chanson », elle souligne combien les origines peuvent marquer les parcours de vie et générer des comportements extrêmes.

Comme une empreinte indélébile que seule la révélation du mystère entourant la naissance pourra adoucir.

Avec ce premier roman, l’écrivaine rend aussi un hommage sensible à ses parents adoptifs. Après le cinéma, la littérature devient pour elle une nouvelle forme d’expression. En espérant qu’elle poursuive sur sa lancée.

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