Critique – Nos vies – Marie-Hélène Lafon – Buchet Chastel

Critique – Nos vies – Marie-Hélène Lafon – Buchet Chastel


Jeanne, la narratrice, a la soixantaine bien avancée. Elle réside à Paris et aime observer ses congénères. Le Franprix à côté de chez elle est l’endroit rêvé pour s’adonner à son occupation favorite.


A la caisse, elle s’attarde sur Gordana, une caissière aux « seins glorieux » mais à la « patte folle », une fille de l’Est née du mauvais côté à laquelle elle invente un fils resté au pays. Elle croise aussi l’homme du vendredi, visiblement attiré par Gordana, auquel elle donne un prénom et un nom. Ce sera Horacio Fortunato.
Avec son écriture enveloppante, Marie-Hélène Lafon, que je suis depuis la publication du magnifique « Les derniers Indiens », raconte comme personne les gens de peu et les petits gestes du quotidien. Quittant le monde rural, elle s’est installée cette fois-ci en ville où sa narratrice imagine des vies tout en racontant la sienne. Et c’est peut-être son existence qui est la plus intéressante car elle est vraie et non pas inventée et se dévoile par petites touches : son amour pour Karim, pour ses parents, les joies de retrouver sa famille, elle qui n’a pas eu d’enfant, la solitude enfin qui semble être notre lot commun.
Un roman court, qui sonne juste et qui laisse un goût de nostalgie.

EXTRAIT
Isabelle disait que le chant réparait, et consolait de tout parce qu’il montait du ventre pour se mélanger à l’air, à la lumière, à d’autres voix, à la musique ; elle disait que le chant inventait de la joie.

+ There are no comments

Add yours