Critique – Pur – Antoine Chainas
J’avais été déçue par le côté « genre » d’Anaisthesia mais, à la lecture des bonnes critiques de « Pur », j’ai décidé de lire un autre livre d’Antoine Chainas, présenté par Télérama comme l’un des espoirs de la littérature noire française.
Sans vraiment situer géographiquement l’intrigue, on a l’impression de se trouver dans une ville de la Côte d’Azur (région où réside l’auteur) du style de Nice.
Pour leur entourage, Patrick et Sophia, la trentaine conquérante, donnent l’image d’un couple parfait. Oui, mais voilà, l’épouse parfaite meurt dans un accident de voiture. Patrick était au volant et ne se souvient de rien. La rumeur met en cause deux jeunes Arabes qui auraient poursuivi sa voiture pour la précipiter dans le décor. Patrick y croit. D’autant plus qu’il a entendu un coup de feu.
Mais le responsable ne serait-il pas ce sniper qui aurait déjà dégommé quatre personnes n’ayant pas le profil caucasien ?
Car, dans ce futur proche, alors que l’extrême-droite, avec le soutien tacite du maire de la ville, fait régner l’ordre dans le centre de la cité, les laissés pour compte de la société sont parqués dans des no man’s land et les bons Français évoluent dans des résidences sécurisées aux règles de fonctionnement très strictes.
Galerie de personnages (Patrick ; Alice, la flic véreuse ; Julien, l’ado au cœur meurtri soumis à la folie de son père, le Révérend, sorte de démiurge chrétien, et le capitaine de police Durantal, dont la capacité d’autodestruction nous touche), « Pur » stigmatise ce que nos sociétés sont en train de devenir. Communautarisme, peur et rejet de l’autre, poussée des extrêmes, sommes-nous si loin de ce constat à la J.G. Ballard (cf. le magnifique « Sauvagerie ») ? Sans oublier la corruption, la manipulation et le mensonge qui sont le lot de la plupart des romans noirs.
« Pur » m’a donné l’envie de lire l’oeuvre de cet auteur à la voix singulière qui a su effacer ses tics de langage et son côté « dantecquien ».
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