Critique – Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive – Christophe Donner

Critique – Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive – Christophe Donner


Flambeur, mythomane, égocentrique, cynique mais enthousiaste, consommateur de drogues et de filles, Jean-Pierre Rassam est un personnage romanesque. Par ses excès et ses côtés attachants.

Christophe Donner s’est emparé de sa vie pour nous livrer une chronique très réussie du milieu cinématographique des années 60-70.

D’origine libanaise, ce jeune homme brillant et intelligent entretenu par un père richissime rencontre Claude Berry, qui épousera sa sœur Anne-Marie avec laquelle il aurait eu des relations incestueuses.

C’est avec son beau-frère, son exact contraire tant il est pauvre et mal dans sa peau, que l’aventure du cinéma commence.

Dans ce livre biopic qui se lit comme un roman d’aventure avec son rythme haletant et ses rebondissements incessants, il y a un troisième personnage principal – Maurice Pialat – le ronchon puriste.

Ces trois-là ne vieilliront pas ensemble. Trop de divergences de vue, trop d’ambitions personnelles… L’amitié n’y survivra pas.

Alors que Pialat, le colérique, poursuit une œuvre personnelle encensée par la critique parisienne, Berry devient un riche producteur en finançant des navets comme les films des « Charlot ». Rassam, lui, est le bailleur de fonds, de Godard, de Ferreri pour « La grande bouffe » et aide Jean Yanne à réaliser ses films. Il aime l’argent, non en tant que tel, mais pour tout ce qu’il peut lui apporter : assouvir sa passion pour la cinéma et son goût pour la fête. Des penchants qui ruineront cet homme trop sûr de lui. Dommage que les dernières années de sa vie aient été presque bâclées. On en redemandait. Reste de ce texte une impression de tristesse car beaucoup de monde meurt. Est-ce le cinéma qui tue ou sont-ce les gens fragiles qui sont attirés par les lumières et qui n’y survivent pas ?

Extraits :

  • « La corruption est le fer de lance de l’humanisme » dixit Rassam, le roi des affirmations toute faites (p. 184)
  • « La lutte des classes ne résiste pas à un cachet de cent mille francs lourds » (p. 240)

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