Critique – Regardez-nous danser – Leïla Slimani – Gallimard
Avec « Regardez-nous danser », Leïla Slimani nous offre le deuxième volet de sa saga familiale « Le pays des autres ».
Après s’être attachée à la figure de sa grand-mère Mathilde, la robuste alsacienne venue au Maroc pour y vivre avec son rigide mari Amine, elle se concentre sur Aïcha, la fille du couple et mère de l’écrivaine.
Même si la figure centrale est bien la jeune femme, étudiante en médecine en cette année 1968 où l’Occident va être traversé par une succession de crises, de nombreux personnages défilent tout au long des quelques 360 pages du récit et l’index les recensant au début du livre est bienvenu.
Alors que Mathilde se lamente sur les sacrifices faits pour sa famille qui l’ont empêché de se réaliser, Aïcha poursuit ses études de médecine à Strasbourg et se prépare à rentrer au pays. Entre la France en pleine révolte étudiante, prémices d’un individualisme forcené, et le Maroc où le poids des communautés et des traditions est prégnant et le regard des autres toujours inquisiteur, le fossé civilisationnel est vertigineux.
Sous le regard dubitatif de ses parents, « Aïcha n’était plus tout à fait chez elle ».
Si Léïla Slimani mêle avec adresse récits intimes et événements historiques dans un Maroc où le roi muselle toutes les oppositions, elle a perdu le souffle romanesque qui faisait le sel du premier opus. L’écriture est un peu plate et les personnages peu attachants (Omar). On a l’impression que l’autrice s’est donné comme objectif d’évoquer tous les thèmes qui lui sont chers : la condition de la femme, la maternité, le poids des traditions et de la religion, les effets de la colonisation… À force, le parti pris de l’exhaustivité atténue la puissance du récit. Après « La Guerre, la guerre, la guerre » j’attends donc beaucoup du prochain volume qui clôturera la trilogie franco-marocaine.
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