Critique – Tsunami – Marc Dugain – Gallimard
Marc Dugain est fasciné par le pouvoir. Il nous l’a montré maintes fois avec des récits tels que « La Malédiction d’Edgar » ou encore la trilogie « L’Emprise ».
Cette fois-ci, il a choisi de pousser le curseur un peu plus loin en se glissant dans la tête d’un président de la République française fraîchement élu qui se confie en tenant une « sorte de journal » dans lequel la vérité éclate sur une charge dont le fonctionnement est plus sibyllin que transparent.
C’est cette opacité, source de théories du complot, qui captive autant.
L’édile a un projet révolutionnaire que ne renierait pas un régime totalitaire. Pour lutter contre l’urgence absolue du dérèglement climatique, il propose de fliquer chaque Français afin d’établir un bilan carbone individuel qui donnerait lieu à un malus fiscal en cas de mauvais comportement.
Seules les industries du numérique vont échapper au comptage alors qu’elles sont de grosses consommatrices d’énergie pour refroidir leurs parcs de serveurs et de datacenters. Il est vrai qu’elles sont indispensables au dispositif de surveillance et, surtout, qu’elles ont contribué à l’élection du chef de l’État.
Elles seront même les grandes bénéficiaires du système. Dissuadés de voyager, les Français consommeront en effet davantage de nouvelles technologies et, à l’aide du métavers, pourront vivre une autres vie que la leur. Ils contribueront aussi à la préservation de la planète en arrêtant de l’abîmer.
Le président a un autre dessein destiné à donner un coup de jeune aux institutions vieillissantes : créer, en lieu et place « de la Chambre des bourgeois balzaciens » à savoir le Sénat, une Chambre virtuelle « permettant à tous de voter sur les sujets d’importance ». Une espèce de « référendum virtuel permanent » !
On le voit, toutes les problématiques contemporaines passionnent Marc Dugain. Réseaux sociaux, rajeunissement grâce aux manipulations génétiques, GPA, montée des populismes, désaffection pour les élections, faiblesse de l’Europe, rachat des médias par des financiers sans scrupule, ingérence dans les affaires intérieures des géants du net pilotés par des pays ennemis… n’en jetez plus ! Cette accumulation a un côté fourre-tout.
La lecture est néanmoins plutôt agréable et les confessions du premier personnage de l’État, homme à la fois haï mais dont attend tout, nous rendent celui-ci plutôt sympathique. Malgré ses mensonges et son cynisme.
EXTRAITS
- La création d’un monde virtuel est une bonne alternative pour ne pas saccager le monde réel qui nous porte, le temps que l’intelligence artificielle nous transporte vers d’autres galaxies.
- La civilisation n’est qu’un modèle pour des gens rassasiés.
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