Critique – Tours et détours de la vilaine fille – Mario Vargas Llosa – Gallimard
Enfant, Ricardo sait que son amour pour la petite Chilienne sera éternel.
Il la rencontre dans le petit village péruvien où il vit. Elle n’y restera pas longtemps. Celle qui change sans cesse de nom et d’identité pratique en effet l’art de la fugue, de la fuite. A la fois vénale et amatrice de sensations fortes, elle sera à la fois guérillera, épouse de fonctionnaire, mariée à un éleveur de chevaux et maîtresse de gangster. Mais elle reviendra toujours vers Ricardo, ce terne traducteur installé à Paris. Parce qu’elle a besoin d’être aimé pour ce qu’elle est, une égocentrique doublée d’une manipulatrice, et pour entendre ses cucuteries, mots doux que l’on susurre quand la passion est dévorante.
Dès qu’elle est rassasiée de tendresse et d’attentions, elle repart vers d’autres aventures, laissant le pauvre Ricardo plein de rancoeur. Lui, le bon garçon, le pitchounet, doit supporter une relation sado-masochiste alors qu’il aspire à une vie routinière. Malgré les mensonges qu’elle égrène, il continue à l’aduler. Le sacrifice et l’abnégation frisent la bêtise. Mais comme l’écrivait Pascal, le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.
Avec son talent de conteur, le Prix Nobel 2010 fait vivre au lecteur une histoire éprouvante, celle d’un jeu amoureux cruel dont on sait qu’il finira mal.
Lorsque les deux protagonistes principaux ne sont pas ensemble, on souffle un peu pour découvrir des personnages secondaires attachants qui évoluent dans la seconde moitié d’un vingtième siècle trépidant, du Pérou à Madrid en passant par Paris et Londres.
EXTRAITS
- (…) depuis de nombreuses années j’étais amoureux d’une femme qui apparaissait et disparaissait de ma vie comme un feu follet, l’incendiant de bonheur pour de courtes périodes, puis la laissant sèche, stérile, vaccinée contre tout autre enthousiasme ou amour.
- Par sa faute, chez moi, les illusions qui font de l’existence quelque chose d’autre qu’une somme de routines s’étaient envolées.
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