Critique – Les abeilles grises – Andreï Kourkov – Liana Levi

Critique – Les abeilles grises – Andreï Kourkov – Liana Levi


Le hasard fait parfois bien les choses. Le dernier roman d’Andreï Kourkov, écrivain ukrainien russophone, est en effet arrivé à point nommé puisqu’il a été publié en France quelques jours avant l’invasion de son pays par la Russie.

C’est à Mala Starogradivka, bourgade située dans une zone grise, sorte de no man’s land à la frontière de l’Ukraine et du Donbass en proie aux combats opposant les séparatistes pro-russes aux forces militaires dépêchées par le gouvernement de Kiev, que vivent Sergueïtch et Pachka.

Ennemis depuis l’enfance, les deux hommes, proches de la cinquantaine, vont rapprocher leurs deux solitudes et s’entraider. Même s’ils ne sont pas d’accord sur le conflit, ils vont taire leurs divergences et faire un bout de chemin ensemble à coups de vodka plus ou moins frelatée.

Alors que l’écho de la guerre se fait plus insistant, Sergueïtch, apiculteur de son état, décide d’emmener ses ruches en Crimée, tout récemment annexée par Poutine, là où vit un confrère, Tatar de son état. Mais, partout où il se pose, l’œil de Moscou veille et la Russie entend bien faire marcher les populations des territoires qu’elle occupe au pas de l’oie.

Cette inexorable mainmise donne lieu à des scènes où les délires bureaucratiques atteignent des sommets d’absurdité.

Alors que l’homme ordinaire et un brin naïf qu’est Sergueïtch n’aspire qu’à vivre en paix avec ses abeilles, guérisseuses des corps et des âmes, et au plus près de la nature, il est confronté au rouleau compresseur russe qui lamine les populations, qui les force à fuir leurs maisons et qui éradique toutes les velléités des minorités de perpétuer leurs traditions.

À l’instar des Tatars de Crimée, éternelles victimes en raison de leur religion musulmane.

Si cette lecture est salutaire à l’heure où la Russie occupe par la force un pays souverain favorable à un rapprochement avec l’Europe, dont il est partie intégrante, je ne partage pas l’engouement général pour le dernier roman d’Andreï Kourkov. Probablement en raison de longueurs fastidieuses, de redondances, d’un manque de rythme et d’une écriture un peu simple. À l’image de son personnage principal dont le regard étonné en dit long sur la nature du gouvernement russe de Poutine et de ses affidés.

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