Critique – Le pont des arts – Catherine Meurisse – Sarbacane

Critique – Le pont des arts – Catherine Meurisse – Sarbacane


En 2008, Catherine Meurisse nous avaient instruits et amusés avec « Mes hommes de lettres ».

Quatre ans plus tard, elle récidive en s’aventurant cette fois-ci du côté de la peinture ou plutôt des relations que les écrivains ont entretenues avec les peintres. Des histoires d’amitié, d’admiration pas toujours réciproque et, surtout, d’égos démesurés.

On croise, tout au long de la centaine de pages de l’album, Diderot en critique implacable de Boucher et en amateur de Chardin ; la caustique George Sand, hôtesse de Delacroix, dont le génie n’a pas échappé à Baudelaire ; le myope Théophile Gautier, chantre de « l’art pour l’art », séduit par Manet et Courbet ; Zola et son complice Cézanne…

Par le biais de son trait caricatural, la dessinatrice aborde le troisième art sous un angle original en soulignant les travers de personnages à la fois adulés par l’avant-garde et détestés par les bien-pensants.

Au-delà de l’anecdote et avec humour, elle rappelle que la création est un combat permanent.

Ce livre intelligent nous donne envie d’emprunter le pont des Arts pour nous précipiter au Louvre ou, non loin de là, au magnifique musée d’Orsay.

EXTRAITS

Manet s’attaque directement à la nature, remet l’art en question, cherche à créer de lui-même et à ne rien cacher de sa personnalité : c’est là son génie.

 

Et puis, avouez : une femme à poil, peinarde, entourée d’hommes habillés, qui en outre a le culot de vous regarder dans les yeux, ça vous remue, n’est-ce pas ?

 

Delacroix est le plus suggestif de tous les peintres. Celui dont les œuvres rappellent à la mémoire des sentiments et des pensées poétiques qu’on croyait enfouis pour toujours dans la nuit du passé.

 

Sur une rive, la littérature, sur l’autre, la peinture.
Entre les deux, un pont qu’empruntent les écrivains et les peintres, fascinés par la beauté d’une toile de l’un, puisant l’inspiration dans un roman de l’autre.
Voici quelques petites histoires de grandes amitiés entre les arts.

 

Émile Zola : « Je rirai comme ces cuistres le jour où ils achèteront mes romans par milliers sans se rendre compte qu’ils sont dedans. »

 

Baudelaire : « Ce fouillis, mon petit monsieur, c’est la passion. Delacroix est un passionné amoureux de la passion. »

 

La prétention du critique d’art, c’est de vous permettre de distinguer le chef-d’œuvre d’une grosse croûte.

 

Le Beau est ce qui ne sert à rien.
Tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression des besoins de l’homme les plus bas.

 

Diderot : « Mon originalité réside dans mon enthousiasme : je mesure la beauté d’une œuvre à l’intensité de mon émotion.
Que voulez-vous, j’aime à louer. Je suis heureux quand j’admire. »

 

Un chat. Noir. Ça les fait rire. Ah bien sûr, vous n’avez pas perdu votre journée, quand vous trouvez un chat. C’est la seule métaphore sexuelle que vos pauvres cerveaux de frustrés puissent comprendre.

 

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