Critique – Pas pleurer – Lydie Salvayre – Seuil

Critique – Pas pleurer – Lydie Salvayre – Seuil


1936, un petit village espagnol. Le Frente Popular a remporté les élections législatives. Les conservateurs ne vont pas l’accepter. La guerre civile éclate. Elle durera près de trois ans.

Cet épisode sanglant qui fit des centaines de milliers de morts de part et d’autre des belligérants fut vécue différemment par les protagonistes du roman. D’un côté, Montse, la mère de l’auteure, plus de 90 ans aujourd’hui et véritable héroïne de « Pas pleurer », a le souvenir d’une parenthèse heureuse, d’un moment exquis de liberté, elle qui a tout oublié de la suite de sa vie.

A contrario, Georges Bernanos, catholique fervent proche de l’Action française alors installé à Majorque, dénonce les exactions commises par les phalangistes. Son effroi se traduira en mots dans « Les grands cimetières sous la lune » publié en 1938.

Rédigé dans un style agréable, rythmé, avec un humeur ravageur, le récit de Lydie Salvayre retrace avec une veine romanesque un épisode douloureux de l’histoire de l’Espagne. Les différents mouvements de l’opposition au franquisme, alors soutenu massivement par le clergé, – l’anarchisme, le communisme – sont personnifiés par des êtres de chair : José, le frère de Montse, et Diego, son futur mari.

Hormis l’hommage qu’elle rend à sa mère, l’auteure, en historienne appliquée et impartiale, stigmatise les horreurs commises dans les deux camps qui sonnent le début des désillusions pour ceux qui prônent la pondération comme José, l’un des personnages les plus attachants du roman, qui comprend que les révolutions finissent toujours dans le sang.

EXTRAIT

  • Il lui redit des mots qu’elle ne comprit pas, ou plutôt qu’elle comprit mais autrement que par leur sens (pour les ignorants, cela s’appelle la poésie).
  • (…) Montse, qui s’était éprise des idées libertaires de son frère comme on s’éprend d’une chanson ou d’un visage, par un désir infini de poésie.

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