Critique – Histoire intime de la Ve République – 2 – La belle époque – Franz-Olivier Giesbert – Gallimard

Critique – Histoire intime de la Ve République – 2 – La belle époque – Franz-Olivier Giesbert – Gallimard


Dans ce volume 2 qu’il consacre aux années qui vont du retrait du Général de Gaulle en 1969 à l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981, Franz-Olivier Giesbert ne se pose pas en historien respectueux de la chronologie, mais plutôt en journaliste témoin de son époque s’autorisant de multiples digressions, y compris sur sa petite personne.

Maître dans l’art de raconter avec son style inimitable qui recourt abondamment aux « jolis mots de la langue française » peu usités, il emploie tantôt un ton vachard, tantôt admiratif, mais sans excès, tantôt tendre pour qualifier les hommes, politiques ou non, au chevet desquels il se penche.

Ses flèches les plus cruelles, il les tire sur Jean-Paul Sartre, « Fouquier-Tinville du Café de Flore », et sur ses héritiers, tous suppôts de Mao et de sa folie purificatrice responsable de dizaines de millions de morts.

Dans un autre style, c’est une grande statue de la gauche, plus modérée cette fois-ci, qu’il déboulonne. Pierre Mendès France, « pauvre petite chose souffreteuse », et sa condescendance l’horripilent.

Son affection, il la réserve au Chti Pierre Mauroy, « une belle personne ».

À propos de Mitterrand, il confie son amour pour ce « père de substitution », tout en rejetant son cynisme politique.

Quant aux deux présidents, Pompidou et VGE, qui ont traversé les années 1970, ils ont prouvé « que la France était gouvernable » et qu’elle était capable de se réformer.

Il ressort de son récit une forme de nostalgie lucide sur ce que fut cette décennie. Même si celle-ci signe l’arrêt de mort des Trente Glorieuses et porte en elle les germes de ce qu’il adviendra : perte de l’autorité, déni des réalités, pensée magique en économie, culpabilité systémique…

À déguster comme une madeleine trempée dans une tasse de thé.

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