Critique – La seule histoire – Julian Barnes – Mercure de France

Critique – La seule histoire – Julian Barnes – Mercure de France


« Préféreriez-vous aimer davantage, et souffrir d’avantage ; ou aimer moins, et moins souffrir ? C’est, je pense, finalement, la seule vraie question. ».

La première phrase qui inaugure le dernier roman de Julian Barnes résume la teneur de l’histoire d’amour d’une tristesse insondable qu’il nous raconte, cinquante ans après que son « héros » l’a vécue.

Paul, un étudiant de 19 ans, retourne chez ses parents dans une banlieue résidentielle de Londres, havre de paix, s’il en est, pour la classe moyenne.

C’est au club de tennis local qu’il rencontre Susan de près de trente ans son aînée et mariée à un type abject. Ce premier amour est non seulement un émerveillement pour le jeune homme mais aussi un stage en accéléré pour devenir adulte. D’autant plus que Susan, qui dissimule son mal de vivre derrière un rire et un humour omniprésents (« L’humour est la politesse du désespoir » dit-on souvent), va sombrer dans l’alcoolisme. Est-ce sa maladie qui va éloigner Paul de Susan ou est-ce l’issue logique de toute relation passionnelle ?

Avec virtuosité (par exemple, pour mieux souligner l’éloignement qui s’opère entre les deux amants, l’auteur bouleverse son style narratif en passant du « je » au « vous »), Julian Barnes dont j’avais peu apprécié « Une fille, qui danse » (2013), a composé un magnifique roman sur l’amour bien sûr mais aussi sur le temps qui passe. Et c’est le cœur serré que j’ai refermé le livre.

EXTRAITS

  • Elle rit volontiers, et parfois ce rire est une façon de ne pas penser, d’éluder d’évidentes et douloureuses vérités.
  • Le sexe triste est le plus triste de tous.
  • Il vous a fallu quelques années pour mesurer tout ce que sa rieuse irrévérence cachait de peur panique et de chaos.
  • Le remède au sexe est le mariage ; le remède à l’amour est le mariage ; le remède à l’infidélité est le divorce ; le remède à la détresse est le travail ; le remède à l’extrême détresse est la boisson ; le remède à la mort est une frêle croyance en l’au-delà.
  • « Où as-tu été toute ma vie ? »

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