Critique- Le Grand Santini – Pat Conroy

Critique- Le Grand Santini – Pat Conroy


Comment peut-on ne pas détester Bull Meecham alias le Grand Santini ? Et pourtant ! Cet homme, pilote de chasse émérite dans les Marines, héros de la guerre du Vietnam, est un véritable tyran pour sa famille et pour ses hommes qu’il mène d’une poigne de fer, n’hésitant pas à utiliser sa force physique pour mettre au pas tout ce petit monde, en particulier son fils, Ben. Bull ne supporte pas que ce dernier grandisse et devienne un concurrent sérieux dans le sport qu’il affectionne le plus, le basket.

Dans la famille Meecham qui déménage au gré des mutations du chef de famille, il y a aussi la mère, Lilian toujours prête à défendre sa progéniture et dont l’humour lui permet de supporter un mari qu’elle aime malgré tous ses défauts ; il y a Mary Ann (mon personnage préféré), la sœur à l’intelligence vive et acérée qui porte sur la vie un regard cynique et désabusé. Karen et Matt, les deux plus jeunes enfants, viennent compléter cette fratrie toujours prête à s’entraider pour lutter contre le despote.

Pourtant, il y a de l’amour entre ces êtres et le Grand Santini, à l’instar de toute sa famille, ne manque pas d’humour. Bizarrement, il accepte les moqueries de ses enfants et de son épouse même si elles donnent de lui un portrait peu flatteur. Bull pratique une forme de second degré qui le rend plus léger.

Ce roman que j’ai beaucoup aimé vaut surtout pour ses dialogues enlevés et souvent fort drôles mais aussi pour les relations entre des personnages haut en couleurs, pour sa description d’un Sud profond où le racisme – nous sommes dans les années 1960 – est patent et pour l’immersion qu’il nous offre dans le monde méconnu des Marines.

Mais « Le Grand Santini » c’est aussi un roman d’apprentissage qui raconte les difficultés de passer de l’adolescence à l’âge adulte.

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