Critique – Le Portrait de mariage – Maggie O’Farrell – Belfond

Critique – Le Portrait de mariage – Maggie O’Farrell – Belfond


Comme elle l’a fait avec son précédent roman « Hamnet », Maggie O’Farrell s’est emparé d’un personnage historique pour en faire une figure de fiction construite en mêlant faits réels et épisodes inventés.

Tout commence en 1561 dans une forteresse au nord-ouest de l’actuelle Italie. Moins d’un an plus tôt Lucrèce de Médicis a épousé Alfonso II, chef de la famille d’Este. Incapable de lui donner un héritier, elle craint pour sa vie.

L’autrice revient sur le parcours de cette adolescente de seize ans persuadée d’être assassinée.

Lucrèce est née à Florence de l’union entre Cosme Ier, Grand-duc de Toscane, et Éléonore de Tolède. Elle est leur cinquième enfant.

Intelligente, cultivée, vive, dotée d’une imagination débordante et d’une propension à la rêverie et à la solitude, elle a un don pour le dessin et la peinture.

Elle est tellement active, différente et entêtée que sa mère l’envoie passer ses premières années au sous-sol du château au milieu des domestiques.

Comme leurs frères, les filles reçoivent une solide éducation.

C’est à la disparition de sa sœur aînée Maria promise à Alfonso qu’on l’obligera à épouser celui-ci.

Au déchirement de la séparation d’avec les siens s’ajoute le dégoût de son mari, Janus aux deux visages parfois tendre, souvent cruel, qui la souille, la soumet et oblige cette quasi enfant à tenir son rang de duchesse.

Grâce à sa capacité à séparer son corps et son esprit, elle s’évade dans ses chimères vers la liberté avec la force qu’elle a tirée d’une rencontre avec une tigresse, mais le monde, avec ses règles patriarcales qui broient les aspirations des femmes en les transformant en objets de désir et de procréation, est le plus fort.

Avec cette fresque historique située dans l’Italie de la Renaissance, Maggie O’Farrell a composé une variation poétique et féroce sur la condition de la femme puissamment incarnée par Lucrèce, cette toute jeune fille si attachante.

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