Critique – Les Cygnes de la Cinquième Avenue – Melanie Benjamin – Albin Michel

Critique – Les Cygnes de la Cinquième Avenue – Melanie Benjamin – Albin Michel


Ce livre retrace sous forme fictionnelle la vie de personnages ayant réellement existé.

Les cygnes auxquels il est fait référence dans le titre sont un groupe de femmes qui connurent leur heure de gloire dans la haute société new-yorkaise des années 1950 : Slim, Pamela, Marella, Gloria, C.Z. et, surtout, la divine Babe. Ces « amies » qui n’hésitent pas à se piquer leurs maris respectifs sont des merveilles de beauté et d’élégance. Etre toujours impeccable et dans l’apparence est même un métier à plein temps qui permet de comble leur vide existentiel.

Pourtant, Babe Paley, l’épouse du richissime Bill Paley, fondateur de CBS, qui la délaisse, trouve enfin un sens à sa vie depuis sa rencontre avec Truman Capote.

Ecrivain encore peu connu, il séduit les femmes par ses réparties et ses mimiques irrésistibles. Elles font de lui une espèce de mascotte qu’il est de bon ton d’afficher dans les soirées mondaines. Petit par la taille, blondinet aux yeux pâles, l’homosexuel affiché ravit le cœur de Babe avec laquelle il entretient une longue amitié amoureuse.

Mais depuis la publication de « De sang-froid » en 1965, le talent de Truman s’étiole. La drogue et l’alcool ont eu raison de son génie.

Il commet alors un acte terrible – que je ne dévoilerai pas – dont la conséquence est la trahison de ses amies. Sa déloyauté aura des conséquences terribles sur la belle harmonie du groupe.

Petit bijou d’humour cruel et description impeccable d’un monde qui a vécu, « Les cygnes de la Cinquième Avenue » vous transporte dans une époque où le chic et la distinction sont une manière de vivre. Les personnages sont épatants surtout la pauvre Babe, dont la postérité se limite à la façon dont elle nouait son foulard en soie autour de son sac Hermès, pathétique dans son énergie à sortir de la superficialité dans laquelle l’a enfermée sa position sociale. Le parcours de Truman, ce petit gars de l’Alabama qui court après la reconnaissance sociale, est tout aussi tragique.

Merci à Masse critique et aux Editions Albin Michel pour cette belle lecture.

EXTRAITS

  • Ils s’étaient simplement reconnus, non pas comme un reflet dans un miroir, mais comme le reflet d’une souffrance, d’un vide ou encore d’une béance, plus profonde, plus sombre, plus trouble, mais toujours, toujours cachée.
  • Ces filles-là étaient bien dressées, tu comprends. Bien dressées ! Comme des petits poneys !
  • Je crois que c’est la quintessence de la vie, être capable d’en tirer partie pour en faire une œuvre d’art.
  • Au lieu de quoi elle leva son verre et, comme par miracle, il était plein. Oh, être riche, c’est tout simplement merveilleux, quand on y réfléchit bien. Vous tendez un bras et il est habillé de la manche doublée de satin d’un manteau de fourrure. Vous pointez un doigt et il est orné de bijoux.
  • Gloria Guiness avait mal au cou. A la tête aussi. Car elle portait un collier de diamant si lourd – les pierres étaient de la taille de petits œufs de caille – qu’elle savait déjà, comme elle le racontait sérieusement à ses amies, qu’elle devait rester couchée toute la journée suivante afin de recouvrer ses forces.
  • Je suis un Proust des temps modernes.

+ There are no comments

Add yours