Critique – Sunset Park – Paul Auster

Critique – Sunset Park – Paul Auster


Miles, garçon brillant et doué pour les études, ne supporte plus la mort de son demi-frère Bobby. Se sentant coupable de son décès accidentel, il fuit New-York pour ne plus avoir à affronter le regard de son père et de sa belle-mère.

Après plusieurs mois de pérégrinations, il s’installe en Floride où il vide les maisons des propriétaires victimes de la crise des subprimes. Il ne peut s’empêcher de photographier les restes de ces existences brisées. Pourtant, sa rencontre avec Pilar, une très jeune fille d’origine cubaine, va le ramener peu à peu à la vie. Pour la première fois depuis longtemps, il a des projets d’avenir. Seulement voilà la petite amie est mineure et la sœur aînée de cette dernière va faire chanter Miles l’obligeant de nouveau à décamper. Est-il suffisamment fort pour renouer avec sa famille ? En partie. Il décide en effet de revenir à New-York mais c’est dans un squatt qu’il pose ses valises. Dans cette maison délabrée vivent Bing, un ami de Miles, soupe au lait mais profondément généreux, Ellen, une artiste en panne d’amour qui doute de son talent, et Alice, une universitaire trentenaire qui travaille inlassablement à sa thèse sur « Les plus belles années de notre vie », film sur les conséquences de la Seconde Guerre mondiale sur les couples qui ont été séparés pendant plusieurs années.

Composé de chapitres qui décrivent avec précision les pensées, les doutes et les affres des personnages (en plus des quatre cités plus haut, Paul Auster s’attarde sur le père et la mère de Miles), « Sunset Park » est le roman de la désillusion, de la fin d’un monde, de la mort des héros (Miles et son père passionnés de baseball se lamentent à la lecture des notices nécrologiques d’anciennes gloires de ce sport), de la destruction d’une certaine culture (Morris, le père de Miles, est un éditeur indépendant au bord de la faillite).

A l’aube des années 2010, « Sunset Park » dresse le portrait d’une Amérique qui a perdu tout espoir en l’avenir.

C’est à la fois triste et mélancolique et, comme toujours avec Auster, superbement écrit.

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