Critique – Swing time – Zadie Smith – Gallimard

Critique – Swing time – Zadie Smith – Gallimard


C’est le premier livre de la dame des lettres britannique à la double culture, jamaïcaine et anglaise, que j’ouvre.

L’histoire que Zadie Smith nous raconte démarre en 1982, année de la rencontre entre Tracey et la narratrice.

C’est dans un cours de danse auquel leurs mères respectives les ont inscrites qu’une longue amitié, souvent chaotique, entre les deux petites métisses, va naître. La première, à l’énergie débordante, est la plus douée pour le sixième art. C’est pourtant la seconde qui va parvenir à sortir de son milieu en devenant l’assistante d’Aimee (sorte de croisement entre Madonna et Angelina Jolie), une chanteuse fantasque et égocentrique au succès mondial à laquelle elle consacre tout son temps. Contre son gré, l’influence de sa mère, une femme libre, forte, féministe, persuadée que les études lui permettront de sortir de sa position et avec laquelle elle entretient une relation complexe, a pesé sur sa destinée.

Prometteur au début, le récit s’étiole notamment lorsque l’auteur nous embarque en Afrique, continent dans lequel la rock star veut, dans une démarche néocolonialiste destinée à se donner bonne conscience, créer une école, voire plus…

« Swing time », avec ses visées universalistes, brasse (trop !) de multiples thèmes : la pérennité de l’amitié, le racisme, l’identité des métis qui ne se sentent chez eux nulle part parce qu’ils sont trop noirs pour l’Europe et trop blancs pour l’Afrique, comment l’Occident a écrit l’Histoire en se donnant le beau rôle, la culture, la perte des illusions, le communautarisme, le déterminisme social, la liberté de choisir sa vie et de la réussir et, justement, une interrogation sur le succès ou pas d’une existence…

Je suis sortie de cette lecture un peu épuisée et finalement peu touchée par les deux personnages principaux. N’est pas Elena Ferrante qui veut, elle qui a su donner chair à l’amitié et à ses aléas.

EXTRAITS

  • Je crois qu’aux yeux de mon père et de ma mère je semblais étrange, telle une enfant échangée à la naissance, ne leur appartenant ni à l’un ni à l’autre…
  • Mais, comme beaucoup de gens dont la vocation est de changer le monde, il s’avéra être, en chair et en os, fabuleusement mesquin.
  • Eh bien, comme tu vois, j’ai essayé vanille, café au lait et chocolat, et tu sais ce que ça m’a appris ? A l’intérieur, ils sont tous pareils : des hommes.

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