Critique – Temps noirs – Thomas Mullen – Rivages

Critique – Temps noirs – Thomas Mullen – Rivages


Deux ans après avoir croisé la route de Lucius Boggs et de Tommy Smith (lire « Darktown »), premiers agents noirs de l’APD (Atlanta Police Department), nous les retrouvons fidèles au poste en 1950. Et leur situation ne s’est guère améliorée.

Considérés comme des flics de seconde zone, ils sont raillés par leurs « collègues » blancs qui, pour certains, ferment les yeux et se font « graisser la patte » par les trafiquants de drogues, de cigarettes et d’alcools. Quelle que soit leur couleur de peau.

Le Ku Klux Klan a repris du poil de la bête mais il y pire que ceux qui arborent une cagoule pointue : les Colombiens, membres d’une organisation nazie.

Alors que les réglements de compte, les crimes racistes et les cadavres s’accumulent, la paire de policiers tente tant bien que mal de faire régner l’ordre. Mais leur attachement à la famille les fait parfois déraper de leur mission…

Denny Rakestraw, flic blanc rencontré dans le précédent opus, est toujours aussi dégoûté par le traitement des populations noires et n’hésite à donner un coup de main à ses confrères « de couleur ». Il a aussi quelques difficultés à gérer le mari de sa sœur, l’archétype du raciste bas du plafond.

A un rythme soutenu, mêlant enquêtes pas toujours aisées à suivre et vie intime, « Temps noirs » est un roman sombre au souffle épique qui montre l’histoire des Etats-Unis en train de se construire avec sa problématique centrale : les relations entre les noirs et les blancs et la peur de ces derniers de devoir vivre aux côtés de la naissante classe moyenne afro-américaine. Au-delà de ce portrait binaire, Thomas Mullen pointe aussi l’ostracisme des Noirs bien établis dans la vie sociale vis-à-vis de leurs « semblables » déclassés ou ayant la peau trop sombre.

« Midnight Atlanta », paru en juillet 2020 aux USA, a pour point de départ l’année 1956. Il devrait être prochainement traduit en français. En 1955, Rosa Parks avait refusé de laisser sa place à un blanc dans un bus. Le début d’une longue lutte contre la ségrégation…

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