Critique – 7500 € – David Spector – Wombat

Critique – 7500 € – David Spector – Wombat


« S’agit-il de parodies, ou de pastiches ? » s’interroge Pierre Jourde dans son excellente préface qui distingue, sans vraiment statuer, le pastiche-hommage à la manière de Proust de la parodie, « critique par imitation ».

On constate où vont les préférences de David Spector dans l’art dont il use pour « singer » le fond et la forme caractéristiques des quelque douze auteurs sélectionnés.

Marc Lévy, avec ses phrases creuses à l’emporte-pièce, n’en sort évidemment pas grandi.

Quelques spécimens représentatifs du vide sidéral de l’écriture du plumitif :

  • « une belle rencontre, c’est aussi parfois une question de temps »
  • « le temps ferme toutes les blessures »
  • « tous les rêves ont un prix »
  • « un homme qui part ne doit jamais se retourner »
  • « certains moments ont un goût d’éternité »

Si les différences de style entre, à titre d’exemple, Dostoïevski et Perec, obligent l’auteur à pratiquer le grand écart, un fil rouge sous-tend le recueil dont le titre est un clin d’oeil à la somme maximum autorisée qu’il est possible de donner à un mouvement politique : l’élection présidentielle de 2017 qui a vu la victoire d’Emmanuel Macron, dynamiteur, « en même temps », de la gauche et de la droite ».

Pour revenir à l’opposition, un brin artificielle, entre pastiche et parodie, je partage la position de l’auteur de « Pays perdu » qui est sans doute aussi celle de David Spector. En « revisitant », avec un grand talent, les plumes d’un Houellebecq, plus misogyne que jamais, – l’un des meilleurs pastiches – ou encore de l’immense Flaubert, le « contrefacteur » a mis à l’honneur des écrivains à la facture inimitable, et c’est aussi à cela que l’on reconnaît le talent littéraire, tout en amusant. Et son appétit pour les mots est contagieux tellement cette lecture est jubilatoire.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Wombat pour cette lecture ludique et revigorante.

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