Critique – Avenue des géants – Marc Dugain

Critique – Avenue des géants – Marc Dugain


Pour écrire son dernier opus, Marc Dugain s’est inspiré d’un tueur en série qui a opéré dans les années 60-70 aux Etats-Unis. Ed Kemper est, à ce jour, toujours emprisonné. Dans cette œuvre de « non-fiction », l’auteur a, comme il se doit, laissé libre cours à son imagination en nous immergeant dans la tête de l’assassin.

Al Kenner est une force de la nature. Il mesure 2,20 mètres et pèse 130 kilos. Doté d’un QI supérieur à celui d’Einstein, il souffre de l’abandon de ses parents qui se sont séparés. Son père a une nouvelle campagne et ne veut pas s’encombrer de cet enfant taciturne et un peu bizarre qu’il semble craindre. Quant à sa mère, elle a toujours détesté cet enfant hors normes, allant même jusqu’à le faire vivre dans une cave, n’hésitant pas à le frapper et à l’humilier, réservant aux sœurs d’Al de bien meilleurs traitements.

Rejeté par sa famille, l’adolescent est hébergé par ses grands-parents paternels. Le couple lui rappelle celui que formaient ses propres parents. La femme, clone de sa génitrice, est autoritaire, voire castratrice, et l’homme faible. Il les tue tous les deux le jour de l’assassinat de Kennedy, la première parce qu’il la hait, le second parce qu’il ne supporterait pas qu’il souffre de la disparition de son épouse. Il n’a alors que 15 ans.

Al se dénonce et se retrouve interné dans un hôpital psychiatrique où les experts considèrent qu’il n’est pas responsable de ses actes. Cinq ans plus tard, l’estimant guéri, il est relâché. Son père a disparu. Il est obligé de renouer avec sa mère. Mauvaise idée…

Impeccablement construit, « Avenue des géants » nous livre le portrait d’un être humain qui commet l’irréparable pour effacer les humiliations de son enfance. Malgré les atrocités qu’il commet, on ne peut ressentir que de l’empathie pour Al, cet être brisé par le désamour d’une mère.

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