Critique – Blue Jay Way – Fabrice Colin

Critique – Blue Jay Way – Fabrice Colin


« Blue Jay Way » est le nom d’une chanson des Beatles, période psychédélique. C’est aussi le nom donné par Fabrice Colin à la propriété de Los Angeles dans laquelle se déroule l’histoire, tortueuse à souhait, de ce roman publié en 2012.

Julien, jeune garçon franco-américain un brin naïf, a du mal à mener une vie sereine depuis que son père a disparu dans l’avion qui s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. Hanté par cet événement, il reçoit des SMS de tenants des théories conspirationnistes. Ce qui ne facilite pas son retour à une existence normale…

Une femme va redonner un sens à sa vie. Il s’agit de Carolyn Gerritsen, auteur à succès, ex-femme de Larry Gordon, producteur de films. Tous deux ont eu Ryan, un garçon qui file du mauvais coton depuis qu’il a participé à une émission de télé-réalité qui s’est mal terminée pour le rejeton après qu’il eut étouffé un chien !

Carolyn demande à Julien de devenir une sorte de précepteur pour son fils et de lui apprendre le français. Julien débarque alors à Blue Jay Way, une propriété somptueuse peuplée d’êtres dignes d’un roman de Brett Eason Ellis : Ashley, la jeune épouse de Larry, gagnante du jeu de télé-réalité et chanteuse à succès, et tous les « amis » de Ryan qui profitent de l’alcool et de la drogue qui coulent à flot. Julien, cet être fragile, va bien en profiter. Y compris du sexe, comme il se doit. Pourtant, on perçoit une forme de distance entre Julien et les différents protagonistes de « Blue Jay Way » comme si il était le spectateur d’un film qui commence par la disparition d’Ashley avec laquelle le jeune homme entretenait une relation.

Parallèlement à ce huis clos, nous découvrons deux personnages apparemment étrangers à l’histoire. Jacob a été adopté par Robert, l’ami de sa mère, après le suicide de celle-ci. Mais Robert décède et c’est son fils Grant qui va s’occuper du petit psychotique. Scott lui aussi a été adopté et il va employer son intelligence à faire le mal : cela démarre par des animaux et cela va monter en puissance…

Voilà pour le résumé d’un récit qui plonge le lecteur dans un univers de faux-semblants dans lequel il est difficile de faire la différence entre la fiction et la réalité. Quel meilleur endroit que Los Angeles pour évoquer une société des apparences où chacun semble jouer un rôle !

Le livre refermé, on ressent une impression de malaise. Est-ce le fait d’avoir été manipulé ? Est-ce parce que ce monde que nous décrit Fabrice Colin ressemble étrangement au nôtre ? Du grand art.

Extrait : « parce que les gens ont compris que seule la fiction pouvait donner un sens à la vie ».

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