Critique – La mort nomade – Ian Manook – Albin Michel

Critique – La mort nomade – Ian Manook – Albin Michel


« La mort nomade » (qui aurait pu porter le titre « L’amour nomade ») est la troisième aventure de Yeruldelgger. Le premier (je n’ai pas lu « Les temps sauvages ») nous faisait découvrir un personnage fort de flic en prise avec la corruption de son pays, la Mongolie, pillé par les multinationales.

Il nous révélait aussi la beauté d’une terre peuplée de grands espaces et habitée depuis des millénaires par des nomades. Bref, ce fut une vraie belle surprise.

Dans son dernier opus, le commissaire Yeruldelgger, au bout du rouleau, a quitté la police d’Oulan-Bator. Il se ressource au milieu des steppes et pratique la méditation bouddhiste. Mais l’arrivée de deux femmes va perturber la tranquillité du « bono » (« bourgeois nomade »). L’une cherche sa fille disparue, l’autre le coupable de l’assassinat de son amant. Les deux affaires sont bien évidemment liées et, peu à peu, Ian Manook nous refait le coup des Mongols (d’une Mongole en particulier, espèce de nymphomane perverse) au service des puissances étrangères qui exploitent les richesses naturelles de la patrie de Gengis Khan et des nationalistes illuminés qui s’opposent à ce saccage.

Dommage, car l’auteur n’est jamais aussi bon que lorsqu’il décrit la beauté des paysages et des traditions empreintes de chamanisme. Du nature writing version mongole.

Dans son prochain roman, Ian Manook nous embarque au Brésil.

EXTRAIT

Les crêtes n’étaient que des froissements de roche et les rivières des cicatrices. La steppe n’était plus qu’un effroyable fracas immobile. Une illusion née d’un chaos sous-jacent. Le doux vent d’antan plus qu’une râpe à limer l’horizon. Les nuages plus que des éboulements violents à l’enterrer vivant sous leurs orages pourpres, et le soleil plus qu’une torche qui brûlait son âme. La lune aussi, la nuit, rien qu’un astre mort. Un fantôme suspendu. Un caillou dans le vide. Un cadavre au-dessus de sa tête. Et le ciel usé d’étoiles, rien qu’un trou béant à l’envers et sans fond dans lequel il ne parvenait pas à tomber pour s’y perdre enfin.

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