Critique – Là où la terre est rouge – Thomas Dietrich

Critique – Là où la terre est rouge – Thomas Dietrich


Dans son premier roman, Thomas Dietrich convoque la mythologie grecque pour la transposer au XXIème siècle. Ce parti-pris, fréquemment utilisé, aurait pu alourdir le propos. Il n’en est rien car la tragédie traverse les époques.

Icare (vous savez celui qui meurt brûlé après avoir approché le Soleil de trop près) est un jeune homme de 20 ans. Malgré un 18/20 en philosophie au bac, notre « héros » délaisse ses études de lettres et sa famille pour se réfugier à Paris chez son oncle. Fade, lâche, sans caractère, se laissant porter par les événements, égoïste, mal dans sa peau, mythomane, voleur, il n’a rien de sympathique. Au hasard d’une visite des Invalides, il rencontre le général Anténor (prince troyen qui trahit sa patrie), ressortissant de la République du Tshipopo avec lequel il se lie d’amitié. Ce dernier lui fait découvrir toute la diaspora de ce petit pays africain dont la très belle Circé (magicienne qui transforma Ulysse et ses compagnons en porcs) qui le dépucèlera (il était temps !).

Enfin, à la page 79, nous entrons dans le vif du sujet. Même si on n’y croit pas une seconde, Aténor embarque le « teint clair » dans son pays et le propulse conseiller au sein d’un gouvernement dirigé par Hélios (personnification du Soleil). Gravitent autour de ce dictateur, Phaéton (mort foudroyé pour avoir perdu le contrôle du char de son père et manqué d’embraser le monde), le fils sanguinaire et tortionnaire, et Epiméthée, celui qui réfléchit après coup.

Et, pour parfaire le tableau, il y a Protée (doté d’un don de prophétie et du pouvoir de se transformer), l’opposant qui ne vaut guère mieux que les responsables en place.

Thomas Dietrich a choisi de nous présenter l’Afrique sous son aspect le plus sombre : misère, corruption, absence de démocratie, violence…

Mais, par le truchement de son personnage principal, il montre qu’il l’aime cette Afrique fascinante, colorée, odorante, belle tout simplement.

Est-ce grâce à cette Afrique qu’Icare, emporté par le flot des brutalités et des exactions, va se racheter de ses péchés, aidé par la vertueuse Alceste dont il va s’éprendre ?

« Là où la terre est rouge » est un premier roman prometteur qui, sur un ton tragi-comique, nous décrit ce désir d’aller toujours plus loin. Quitte à se brûler les ailes.

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