Critique – Là où tout se tait – Jean Hatzfeld – Gallimard

Critique – Là où tout se tait – Jean Hatzfeld – Gallimard


Le journaliste Jean Hatzfeld poursuit son approfondissement de la connaissance du génocide rwandais. Avec « Là où tout se tait », il signe ainsi le sixième livre consacré à la tuerie des Tutsis perpétrée par les Hutus au printemps 1994.

Il s’intéresse ici aux « abarinzi w’igihango » appelés aussi les « gardiens du pacte de sang » ou encore les « Justes », mot plus explicite pour nos oreilles occidentales.

De retour à Nyamata, il part à la rencontre de ceux qui se sont opposés à la barbarie. Certains sont des fantômes parce qu’ils ont payé de leur vie leur courage. Les Tutsis rescapés vont témoigner à leur place. D’autres, toujours vivants, attestent avec humilité de leurs actes charitables. L’ensemble mêle humanité et atrocités.

Pourtant, cette poignée d’hommes et de femmes n’a pas eu la reconnaissance que Israël a accordée à ceux qui, en résistant à la folie antisémite, sont devenus des « Justes parmi les Nations ». Pour les Hutus ils symbolisent la trahison. Quant à la majorité des Tutsis, elle est soupçonneuse à l’encontre de ces sauveurs. Même les cérémonies officielles semblent les avoir oubliés.

En donnant la parole aux protagonistes d’un moment tragique de l’histoire du pays aux mille collines qui a vu la mort de plus de 800 000 Tutsis en moins de cent jours et qui pèse toujours sur les relations entre les deux ethnies, l’auteur à rendu un hommage à ces héros ordinaires qui éclaire d’une manière plus altruiste le récit national du Rwanda marqué par l’horreur.

EXTRAITS

  • Les Hutus ont tué à s’en casser les bras sans penser le jour d’après.
  • Il faut du courage pour risquer la mort, autant pour défier le déshonneur aux yeux de ses collègues.
  • Si on s’attarde trop sur la peur du génocide, on perd l’espoir. On perd ce qu’on a réussi à sauver de la vie…
  • Si le bien peut paraître simple, il n’est jamais banal.
  • Ils sont repartis en sautillant en tueries.
  • De toute façon, aucun pardon n’est possible.

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