Critique – Le royaume – Emmanuel Carrère

Critique – Le royaume – Emmanuel Carrère


Emmanuel Carrère est un écrivain touche-à-tout qui prend souvent un malin plaisir à se mettre en scène.

Dans « Le royaume », il revient sur cette courte période de trois ans pendant laquelle il devint un catholique accro. Parce que son moral est en berne, parce que son couple va mal, parce qu’il a perdu l’inspiration pour l’écriture, parce ce que le prosélytisme de sa marraine l’influence ? Pour toutes ces raisons sans doute.

Plus de dix ans après cet épisode mystique, il déterre une quinzaine de cahiers dans lesquels il a noté ses impressions de croyant et se pose les questions que tout le monde, chrétien ou pas, se pose.

Ces interrogations le poussent à raconter les prémices de la religion catholique alors qu’elle n’était qu’une secte conduite, entre autres, par un illuminé du nom de Paul, qui fut relayé ensuite par Luc.

Même si certains passages sur les origines du christianisme sont passionnants, le lecteur peut avoir l’impression de tourner en rond.

En revanche, les digressions personnelles et l’analyse des états d’âme de l’auteur qui pratique un égocentrisme assumé, donc une forme d’autodérision, sont un régal. Imaginez-vous qu’il lit quelques pages de Nietzsche le matin au petit-déjeuner ! J’adore !

EXTRAITS

  • « Je dirais la stricte vérité : voilà, je suis un écrivain agnostique qui essaie de savoir de ce que croient, au juste, des chrétiens aujourd’hui. » (p. 17).
  • En parlant de la croyance en Dieu : « Vous y croyez, mais vous le voyez comment ? Comme un barbu sur son nuage ? Comme une force supérieure ? Comme un être à l’échelle de qui nous serions ce que sont des fourmis à la nôtre ? Comme un lac ou une flamme au fond de votre cœur ? » (p. 17).
  • « Que la racine du désir religieux est la nostalgie du père et le fantasme enfantin d’être le centre du monde. J’ai lu Niezsche, et je ne peux pas nier que je me suis senti visé quand il dit que le grand avantage de la religion est de nous rendre intéressants à nous-mêmes et de nous permettre de fuir la réalité. » (p. 121).

+ There are no comments

Add yours